L’IFM : une école d’excellence pour les métiers techniques de la mode

29 décembre 2025

Depuis sa fusion avec la chambre syndicale de la Haute Couture, l’Institut Français de la Mode a donné un nouvel élan à des formations techniques, alliant désormais savoir-faire français et technologies modernes. Zoom sur ce renouveau avec l’enquête menée par la Maison du Savoir-Faire et de la Création.

Dans la mode, les collaborations permettent souvent de réunir le meilleur des deux partenaires… On pourrait en dire autant dans l’univers de la formation si l’on en juge par la fusion très fructueuse réalisée en 2019 entre l’Institut Français de la Mode (IFM) et l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, deux institutions réputées mondialement.
La première, créée en 1986, avait pour vocation initiale de préparer les futurs managers de la mode, y compris en matière de création. La seconde permet depuis 1927 d’acquérir les bases techniques de la Haute-Couture au sein des grandes Maisons autant que les techniques de modélisme, de fabrication, de finitions et de mise en forme nécessaires aux ateliers de confection français.

La fusion de l’IFM et de l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne a abouti à une combinaison unique au monde. “Nous sommes la seule école de mode au niveau mondial à réunir sur le même campus ces trois piliers que sont le management, la création et les savoir-faire techniques”, souligne Sylvie Ebel, la directrice générale adjointe de l’IFM.

Tournant moderne

Les formations techniques issues de la Chambre Syndicale ont tiré parti de ce rapprochement.
Elles “ont pris un tournant un peu plus moderne avec l’IFM, explique Blenda Clerjon, la directrice des programmes pédagogiques du CAP et BP, professeure et référente du Bachelor of Arts in fashion Design de l’IFM. Nous avons gardé les origines très importantes de la Chambre syndicale, conservé l’héritage et sa transmission du savoir-faire français et nous lui avons redonné une dimension plus actuelle, grâce à une équipe jeune et dynamique”.
Cette mise à jour des enseignements a bénéficié aux deux formations historiques en alternance, mises en place dès 1927, délivrant des certificats d’aptitude professionnelle. Soit le CAP Métiers de la mode (niveau trois), qui forme les couturiers, mécaniciens monteurs et prototypistes et le Brevet Professionnel (BP) Vêtement sur mesure (niveau quatre), “permettant d’acquérir une haute technicité en confection de vêtements sur mesure” nécessaire aux premières mains et aux modélistes/toilistes.

Deux nouveaux cursus

Preuve de l’intérêt que suscite la Couture, le cursus technique s’est étoffé avec l’adjonction de deux nouvelles formations : en 2019, un Bachelor Modéliste Concepteur (BMC) dont le programme innovant (niveau 6) est proposé sur trois ans en alternance puis, en 2023, un CAP Couture Post-bac en 1 an.
« Cette formation accélérée à plein temps permet de découvrir les métiers de la couture et a l’avantage de s’adresser aussi bien à des personnes en réorientation (fin de carrière ou en cours d’études) qu’à des étudiants étrangers possédant un équivalent du baccalauréat, désireux de se former aux savoir-faire français et de rejoindre l’IFM”, précise Blenda Clerjon.
A tous les niveaux, un même constat d’excellence se retrouve, celui-ci se traduit par des taux de réussite et de placement exceptionnels. Entre 98% des 45 étudiants de CAP et des 20 étudiants du BP sortent diplômés. Des taux attestés par l’Etat, chargé de la correction des examens. Le taux d’insertion professionnelle est proche, pour sa part, de 85% dans les six mois qui suivent la fin des formations.

170 entreprises partenaires

Ces statistiques sont d’autant plus satisfaisantes que l’IFM a gagné la confiance et la fidélité de nombreuses entreprises françaises, soit environ 170. Le panel s’étend des plus grandes Maisons de luxe, comme Dior, Chanel, Hermès, Givenchy ou Louis Vuitton, aux ateliers de confection répartis dans toute la France en passant par les bureaux d’étude ou marques de mode…
Pour arriver à une telle réussite, plusieurs éléments se combinent, soit à la fois un enseignement adapté et une sélection exigeante des étudiants.

Un corps professoral proche du terrain

Premier atout de taille : « l’équipe de professionnels pilotant les enseignements est largement aguerrie aux réalités du terrain », explique Blenda Clerjon. Toute cette équipe échange régulièrement avec les tuteurs des étudiants, via des visites en entreprise ou deux rencontres semestrielles, mais aussi avec l’Education Nationale, pour lui faire prendre conscience de l’évolution du terrain et adapter l’enseignement. “Pour les CAP, les diplômés sont formés aux référentiels de l’Education Nationale, à savoir des blocs de compétences, souligne Blenda Clerjon. En dehors de ceux-là, nous avons un peu de latitude pour personnaliser le programme et répondre aux besoins de nos entreprises partenaires ».
Cette fluidité entre théorie et pratique se traduit dans la pédagogie de l’école. “Nous avons des études de cas réel sur les problématiques de la fabrication et tout ce qui tourne autour”, indique la responsable. L’enseignement porte sur des techniques issues d’une longue tradition, comme le moulage, le patronage, la couture à la machine ou à la main. Mais depuis la fusion de 2019, il intègre aussi de nouvelles technologies – formation à la CAO, PAO et prototypage 3D.

Priorité à la RSE

La RSE est aussi désormais un must à l’IFM avec de plus en plus de projets axés sur le recyclage et la circularité des matériaux, l’upcycling et l’ecosourcing. “Nous sensibilisons les jeunes aux enjeux sociaux et environnementaux, explique Blenda Clerjon. Nous essayons de les pousser à faire de l’upcycling à la fois des matières et produits déjà existants, voire à introduire des matières autres que les textiles dans leurs projets”. Les étudiants peuvent ainsi utiliser des fins de rouleaux ou de stocks donnés par les Maisons partenaires.
Une autre explication majeure des performances de l’école repose sur la façon dont elle choisit ses étudiants. « A l’IFM, nous formons des passionnés qui viennent découvrir la mode en commençant par les bases. Nos recrutements sont exigeants. Motivation, projets d’avenir, curiosité, minutie, patience, capacité à travailler en équipe, à répondre aux briefs et à suivre les consignes sont pris en compte tout comme la capacité à faire preuve d’intelligence sociale. Ces qualités sont constamment mises à l’épreuve puisque nos alternants sont perpétuellement en situation professionnelle, même lorsqu’ils sont en classe », fait valoir Blenda Clerjon.

Une sélection exigeante

Cela se traduit par une sélection stricte à l’entrée des formations. Alors qu’il y a 300 à 400 postulants par an, l’IFM ne dispose que de 45 places, “réparties en trois classes pour leur transmettre les savoir-faire dans de bonnes conditions” pour les CAP en alternance. Et il n’a que 20 places à offrir aux candidats au CAP à temps plein et aux BP !
Certes, la demande est réelle dans les Maisons, ateliers et bureaux d’études pour les étudiants formés par l’IFM… Mais faute de places suffisantes en alternance en entreprise, l’IFM préfère ne pas augmenter le nombre actuel d’étudiants. Ce qui lui demande un temps important pour bien étudier tous les dossiers et n’oublier personne. Un travail conséquent alors que les candidatures sont à la hausse ces deux dernières années, traduisant l’engouement croissant pour les métiers de la main.

Des formations techniques prisées

Alors que le CAP à temps plein accepte des étudiants âgés de plus de 30 ans (ce qui n’est pas le cas dans les formations en alternance), la responsable voit aussi “des personnes en reconversion professionnelle, ayant fait des études pour rassurer leurs parents. Et comme elles sont malheureuses dans leurs professions initiales, elles reviennent à leur souhait initial d’exercer un métier manuel”. Preuve de leur motivation : elles sont prêtes à investir 12 500 €, le coût de cette formation sans alternance !
L’entrée dans le giron de l’IFM de formations techniques est aussi un plus pour les futurs managers. A la demande des étudiants de ses cursus de management, l’Institut a ainsi créé un certificat pour que ces derniers puissent s’initier aux techniques de la couture, lors de sessions supplémentaires le samedi. « Pour des raisons pratiques, nous avons dû limiter les classes à une vingtaine d’étudiants mais les candidats ne manquent pas”, souligne Sylvie Ebel. Celle-ci a bien conscience du rôle majeur dévolu désormais à l’IFM dans le secteur.
“On nous a confié cette école avec des formations essentielles à la spécificité de notre filière. Nous ne nous contentons pas de “garder le temple”, mais nous développons aussi les formations de ces métiers essentiels à l’industrie du luxe française. Et nous allons encore renforcer les choses”, explique la directrice adjointe. A l’image de l’industrie de la mode, alliant création et technique, l’IFM fait ainsi à la fois preuve d’imagination et de rigueur pour maintenir vivante la flamme des savoir-faire français et de leur transmission.

Pour en savoir plus, découvrez le site de l’Institut Français de la Mode.
Retrouvez les articles du magazine de la Maison du Savoir-Faire et de la Création ici

.
Partagez cet article sur :

/ Autres articles /

Bilan de l’UFIMH 2025.

Mode ultra éphémère, développement international… Des actions très concrètes pour défendre le secteur, et assurer sa croissance.  A lheure où la mode française fait face à des défis inédits, lUFIMH a engagé en 2025 une série dactions très ambitieuses pour soutenir la filière et penser demain, le tout avec une conviction ; le collectif est plus important que jamais. Le point sur les axes forts de cette politique avec les co-présidents de lUnion, Pierre-François Le Louët et Lionel Guérin.  Ensemble, on est plus forts. C’est avec cette certitude que l’UFIMH s’est engagée tout au long de l’année, notamment dans la lutte contre la mode ultra éphémère et les volontés d'hégémonie chinoise, alors que les difficultés de pouvoir d'achat réorientent la consommation vers plus de services et moins de biens. Dans ce contexte, l’UFIMH a travaillé à bâtir un projet collectif pour se défendre contre ces agressions mais pas seulement. Ce projet -solide, français et européen- est également orienté vers le développement durable, la conquête de nouveaux marchés et la désirabilité des marques en mettant en lumière créativité et savoir-faire. Pour cela, l’UFIMH a renforcé son influence, son pouvoir d’action, et concentré ses efforts autour de trois axes forts 1/ La fast fashion, un combat crucial pour lavenir de la filière.  Sur le plan national, l’UFIMH a œuvré auprès des parlementaires, de l'Assemblée nationale et du Sénat pour l’élaboration d’une loi en faveur de la réduction de l'impact environnemental, visant directement les plateformes d’e-commerce de mode ultra-express. Cette loi, votée à l’unanimité à l'Assemblée nationale en 2024, l’a été également au Sénat au mois de juin dernier. Parallèlement à cet engagement, l’UFIMH a soutenu l’instauration d'une taxe sur les petits colis, qui sera discutée dans le projet de loi de finances 2026, à l'initiative du gouvernement. « Nous avons, plus globalement, cherché à mobiliser les pouvoirs publics sur les multiples effets délétères de ces plateformes, ajoute Pierre-François Le Louët. Le secteur a été entendu puisque le ministre du commerce, Serge Papin, a exigé la suspension de Shein pendant quelques jours, en lançant une action judiciaire et en incitant la Commission européenne à accélérer les travaux sur le sujet”.  Des actions largement déployées à l’échelle européenne. L’UFIMH a également mené plusieurs initiatives d’envergure sur le plan européen, rassemblant notamment 24 fédérations européennes de la mode autour d'un texte condamnant l‘ultra-fast fashion et appelant la Commission à agir, ceci en collaboration avec l’association européenne Euratex, partenaire privilégiée de l’Union. Alors que le dialogue est désormais engagé avec les représentants de la Commission européenne, l’objectif s’articule autour de plusieurs axes.  Il s’agit tout d’abord de faire aboutir les enquêtes menées contre ces plateformes avec, à la clé, le paiement d’amendes extrêmement importantes. Rappelons qu’à la suite des actions menées par l’UFIMH en France, la Chine a été condamnée à 190 millions d'euros d'amende, uniquement pour notre pays. « Dautres actions sont également en cours, notamment la réforme du code des douanes européen afin que les petits colis (moins de 150 ,) puissent être taxés de droits de douane, ce qui permettrait également à ces services de contrôler les envois, précise Pierre-François Le Louet. En France, 200 000 colis ont déjà été contrôlés, révélant quune grande majorité comportait des anomalies : produits dangereux, factures manquantes. Tout cela participe à lutter contre la concurrence totalement déloyale menée par ces plateformes. » Un volet médiatique pour sensibiliser le public à cette cause commune. Troisième axe d’engagement, l’action médiatique avec plusieurs dizaines d'interventions en 2025 dans la presse, à la télévision, à la radio, pour sensibiliser le grand public à ces sujets. « Ces victoires donnent beaucoup d’énergie pour la suite, notamment avec la perspective dune action portée par une centaine de marques qui vise à dénoncer les agissements frauduleux de Shein et leur impact sur les entreprises de mode, poursuit Pierre-François Le Louët. Laffaire sera plaidée en janvier 2026 au tribunal d'Aix en Provence et lUFIMH est associée à cette action, tout comme les membres de la fédération. Dans ce même esprit collectif, les liens seront renforcés avec d'autres pays européens - Italie, Portugal… où des initiatives locales similaires sont en train d'émerger contre la mode ultra-express ». 2/ Un accompagnement au développement international et à la transition écologique.   En 2025, plus de 250 entreprises ont été soutenues par l’UFIMH dans leur développement international via une démarche sur mesure, selon les besoins et le degré de maturité de chaque marque. « Certaines ont participé à des salons professionnels à l’étranger, dautres ont découvert de nouveaux marchés grâce à des séjours dimmersion permettant de rencontrer les principaux acteurs locaux, précise Lionel Guérin. Une politique de développement à l'export dautant plus stratégique quelle intervient à un moment où le marché intérieur est compliqué. » Par ailleurs, un plan d'action digital a été mis en place pour permettre à plus de 200 entreprises de participer à un programme d'aide à la transformation numérique - développement de plateformes de vente en ligne, renforcement du potentiel de leur e-shop. En 2025, quarante entreprises ont aussi bénéficié de l’expertise de consultants RSE pour accélérer leur politique de transformation en termes de développement durable ; le tout avec le soutien du Défi. 3/ Des programmes pour repenser et vitaliser les formations.  Le sujet est notamment emmené par l’IFM, école d’excellence de la mode française et par l’AICP qui développe un partenariat avec l’Ecole Supérieure des Industries du Vêtement permettant aux deux organismes à prendre chacun en charge les formations qu'il maîtrise le mieux. Elle a également soutenu la campagne de valorisation des métiers techniques du secteur, portée depuis 2019 par le Comité Stratégique de Filière Mode & Luxe. Par ailleurs, l’Ufimh a mené des actions de sensibilisation à la richesse de la filière dans les écoles et les lycées avec des visites d'entreprises et des stages école-industrie. L’objectif est bien sûr de susciter des vocations en accélérant le maillage entreprises et établissements scolaires, notamment dans les territoires afin de répondre aux difficultés de recrutement de professionnels qualifiés. Reste maintenant à agir pour que ces actions soient prolongées en 2026, dans une période de restriction budgétaire. « Cest une affaire de cohérence des politiques publiques, assure Pierre-François Le Louët. On ne peut, d'un côté, affirmer que le secteur est une priorité du gouvernement et, de l'autre, affaiblir les moyens collectifs de ces entreprises. Dans ce contexte, lUFIMH reste extrêmement mobilisée pour que les ressources du Défi soient préservées, condition-clé pour prolonger cette politique de soutien aux entreprises ».

En Mode Durable : une nouvelle plateforme pour faciliter la démarche responsable des entreprises…

Avec le soutien précieux du Défi, la Fédération Française du prêt-à-porter féminin, Promincor – Lingerie Française et la Fédération de la Maille, de la Lingerie & du Balnéaire ont imaginé un portail offrant aux entreprises de la filière des contenus concrets et pratiques pour accélérer leur politique en termes de développement durable. La Maison du Savoir-Faire et de la Création revient dans cet article sur les atouts de ce nouvel outil. Selon le rapport Quantis paru en 2018, “la mode représenterait près de 8% des émissions mondiales de CO2, sans compter les enjeux liés aux conditions de travail dans la chaîne d'approvisionnement et à la surconsommation encouragée par la fast fashion” rappelle la plateforme En Mode Durable sur son site enmodedurable.fr. Face à ces défis écologiques, ce ne sont certes pas les initiatives et sources (labels, associations, structures publiques ou privées…) qui manquent. Mais les acteurs de la Mode française peinent souvent, surtout les petites et moyennes structures, à se retrouver dans un tel maquis, pour accéder aux bonnes informations et à prioriser leurs actions. Un portail pour faciliter laccès à linformation C’est le constat qu’ont justement réalisé les trois organisations professionnelles de l’Habillement que sont l’Union Française des Industries Mode et Habillement (Ufimh), Promincor – Lingerie Française et la Fédération de la Maille, de la Lingerie & du Balnéaire. Cela les a incitées à imaginer un autre dispositif d’accès et d’utilisation de l’information de la Mode Durable, à savoir le portail enmodedurable.fr, lancé en avril dernier. Financé par le Défi, le Comité de Développement et de Promotion de l'Habillement, celui-ci est libre d’accès pour toutes les entreprises du secteur. “Il semble exister beaucoup d’informations que nous pouvons trouver sur divers canaux. Mais celle-ci n’est pas toujours juste, souvent très partielle et pas toujours très claire et compréhensible. Nous avons donc voulu créer quelque chose de structuré, pédagogique, interactif et le plus complet sur les thématiques abordées, afin que les entreprises puissent mieux comprendre ces sujets, les prioriser et les anticiper, voire élaborer une feuille de route RSE en fonction de leur stratégie globale", explique Karine Sfar, Déléguée Générale de Promincor - Lingerie Française et de la Fédération de la Maille, de la Lingerie & du Balnéaire. “La genèse de cette plateforme a été les trois guides que nous avons successivement publiés en 2019, 2021 et 2022, portant sur les approvisionnements, puis l’écoconception et enfin, la communication responsable, explique Adeline Dargent, Responsable RSE de l’Ufimh. Nous avons toujours associé les entreprises à la conception de ces guides destinés à les accompagner de façon pédagogique et didactique, avec à la fois du contenu et des outils très concrets… Les acteurs de la filière, y compris ceux du mass market et du luxe, soit au-delà des marques premium que nous fédérons initialement, se sont bien emparés de ces guides. Mais ces derniers avaient été conçus dans un format PDF un peu lourd, pas forcément évident à utiliser, surtout pour de petites entreprises. Nous nous sommes donc demandés comment rendre plus accessibles ces informations et outils de façon plus simple et qui prenne moins de temps". Un outil pragmatique Les équipes RSE des trois Fédérations ont ainsi collaboré avec l’agence de communication spécialisée Hyssop, pour un travail de réécriture et de rendu plus accessible, et avec les experts qui avaient déjà travaillé sur les guides, à savoir les cabinets Blue Quest et Ecoeff Lab, pour la validation des contenus. “Notre portail n’est peut-être pas le plus complet, mais il est le plus pragmatique, souligne Adeline Dargent (Ufimh). Aucun outil n’existait sous cette forme, il existait des plateformes liées au Développement Durable comme Refashion par exemple, qui s’avère complémentaire. Notre idée n’était pas de refaire ce qui existait déjà”. En Mode Durable se distingue ainsi des plateformes déjà en place, mettant en relation des acteurs ou des annuaires de la Mode responsable. La Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin a d’ailleurs elle-même déployé, en 2020, un tel annuaire, initialement baptisé “Ressources Green”, refondu début 2024 dans “l’Ecosystème de la Mode” et devenu ainsi un outil global de mise en relation entre tous les acteurs de la Mode Responsable. En Mode Durable se situe, lui, sur un autre plan en apportant des éléments de réponse pratiques pour “outiller” les entreprises, les “accompagner et progresser” sur de tels sujets. “Il facilite l’accès à l’information sur la Mode Responsable et la rend aussi plus ludique, explique Adeline Dargent. Cet outil est abordable quelle que soit la maturité de l’entreprise, sa taille et est tout public. Quels que soient le service et la nature de l’entreprise, il y a une réponse". Approvisionnement responsable, écoconception et communication responsable La plateforme a été bâtie avec quatre entrées renvoyant aux principales thématiques -Approvisionnements Responsables, Écoconception et Communication Responsable-, plus une partie “News” évoquant l’actualité réglementaire et des dispositifs déployés par les fédérations. “Les entreprises peuvent accéder à différents degrés d’informations en fonction de leur niveau de maturité progressive, au nombre de trois: débuter (débutant), se structurer (intermédiaire) et enfin, accélérer (avancé), débouchant sur des cartes (ou fiches) différentes à consulter” détaille Adeline Dargent, qui insiste sur le caractère “interactif” de la plateforme, le contenu d’une fiche pouvant renvoyer au contenu d’une autre fiche. Outre du contenu, le portail intègre des outils pratiques, comme une priorisation d’actions à réaliser via des check lists ou des questionnaires à destination, par exemple de ses fournisseurs, ou encore des études de cas exemplaires. “Les guides ayant servi de base à la plateforme avaient été élaborés avec un comité de pilotage d’entreprises variées et représentatives afin d’orienter les sujets vers de l’opérationnel, indique Karine Sfar (Promincor -Lingerie Française et Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire). Les témoignages alors intégrés ont été repris sur la plateforme afin de montrer qu’il ne s’agit pas de simple littérature mais de réalisations concrètes. Et le but sera de l’enrichir encore à l’avenir avec d’autres ambassadeurs (marques, industriels…) d’autres exemples probants, des bonnes pratiques…”. En matière d’approvisionnement, le portail répertorie ainsi, pour chaque matière, des options plus responsables, comme le coton labellisé “GOTS” (Global Organic Textile Standard). D’autres fiches proposent du contenu pour avancer en fonction de la maturité de l’entreprise. Les entreprises plus “débutantes” peuvent, par exemple, accéder à une évaluation des risques pays et celles, ayant un niveau intermédiaire, prendre connaissance de la synthèse du projet pilote de Traçabilité coordonné par le Défi en 2020 et 2022, et ayant réuni 13 marques pour développer et tester des solutions. Casser les idées reçues Sur cette thématique de l’Approvisionnement responsable, Adeline Dargent (Ufimh) observe que “la plateforme permet de casser certaines idées reçues. Des entreprises se demandent par exemple si le fait d’utiliser des matières recyclées aboutit forcément à un bilan écoresponsable positif dans la mesure où le produit risque d’être moins solide et donc moins durable de ce point de vue là. Beaucoup de gens sont par ailleurs persuadés que le transport a un impact très important sur le bilan, alors qu’en fait, il est très limité. En revanche, la partie amont de l’approvisionnement des matières, de la culture (par exemple celle du coton non bio, qui est gourmande en eau et pesticides) jusqu’aux apprêts, compte bien davantage”. Côté écoconception, la plateforme propose par exemple aux entreprises débutantes une boîte à outils avec des fiches dédiées, inspirée et adaptée pour la Mode, des travaux de la norme X30-260, qui proposent une méthodologie pragmatique de mise en place d’une telle démarche. Par ailleurs, une fiche livre le témoignage du groupe de lingerie Chantelle, évoquant sa réflexion sur les notions de réparabilité afin de faciliter la seconde main de ses articles. Éviter les pièges du “greenwashing Enfin, dans la thématique “communication responsable”, que cela soit auprès des clients, des fournisseurs ou des salariés, et en particulier, du personnel de vente, le portail explique aux entreprises débutantes comment “se lancer, sans brûler ni les étapes, ni les ailes” ; à celles de niveau intermédiaire, comment adapter ses prises de parole en fonction du profil de ses collaborateurs, et enfin ; pour les sociétés d’un niveau avancé, comment “gagner en influence” sur le sujet de la RSE, via les réseaux sociaux. Sur ce dernier thème, Adeline Dargent (Ufimh) évoque, parmi les outils, une checklist de questions à se poser pour éviter les pièges du greenwashing. “Il s’agit d’être très vigilant sur ce plan, y compris en termes réglementaires, détaille la responsable RSE de l’Ufimh. La plateforme propose aussi un “stress test” pour sensibiliser les responsables de vente sur les termes à ne jamais employer”. D’une façon générale, Adeline Dargent voit dans le portail “un formidable outil de sensibilisation qui peut être pris en main aussi bien par l’équipe de direction que par la totalité des salariés, que ce soit dans l’achat, la vente, le marketing, la communication, etc”. Il permet aussi de former “ses éventuels nouveaux collaborateurs” aux “enjeux et points sensibles de la Mode Durable à prioriser”, souligne-t-elle. “Chaque salarié va se nourrir d’informations concernant son domaine d’activité et sa fonction, renchérit Karine Sfar (Promincor- Lingerie Française et Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire). Par exemple, les responsables de collections et les stylistes pourront plutôt s’intéresser aux bonnes pratiques d’écoconception pour mieux concevoir leurs produits”. Elle ajoute que “la plateforme permet de démystifier un certain nombre de croyances et de sortir des idées préconçues pour ouvrir positivement ses chakras. Chaque professionnel va pouvoir appréhender les problématiques RSE avec son niveau de connaissances et y trouver son compte. Si l’objectif est commun à tous, à savoir avancer vers une Mode plus Responsable et plus Durable, les chemins seront propres à chaque entreprise. Certaines auront pour priorité de concevoir tous leurs produits en coton issu de l’agriculture biologique, d’autres d’augmenter fortement la part de fibres recyclées dans leurs collections et d’autres encore de favoriser la biodiversité…”. Mieux se faire connaître La plateforme a jusqu’ici limité sa communication, les Fédérations étant très mobilisées par les sujets réglementaires et législatifs actuels (tels que la loi Anti Fast Fashion…). Dans de telles conditions, Adeline Dargent (Ufimh) ne s’étonne pas qu’En Mode Durable n’ait pas encore été contactée par des structures tierces pour créer d’éventuelles synergies. Mais la plateforme y serait tout à fait ouverte, ajoute-t-elle. Observant, malgré tout, une hausse immédiate des consultations d’En Mode Durable dans la foulée de la publication d’un article dans la presse B to B, la plateforme projette de mieux se faire connaître à court terme.  Un atelier, s’appuyant sur ses outils, est d’ores et déjà envisagé au second semestre. S’il est encore trop tôt pour citer des statistiques de consultation, Adeline Dargent estime comme “très large”, “le profil de marques susceptibles d’être intéressées” par ce nouvel outil et qui “va de la grande distribution au luxe en passant par des marques premium”. En attendant, En Mode Durable compte bien activer sa communauté, notamment en incitant ses utilisateurs à faire des recommandations sur d’éventuels manques qu’ils aimeraient la voir combler. Un onglet “proposer une idée” est ainsi à leur disposition sur la plateforme afin de “soumettre des sujets qui posent question”. De façon générale, la plateforme est vouée à évoluer au fil du temps. A court terme, “il y aura des mises à jour nécessaires d’un point de vue réglementaire, car cela bouge beaucoup actuellement à ce niveau tant en France qu’en Europe. Nous envisageons donc, à partir de l’an prochain, de compléter nos outils et informations en ce sens”, explique Adeline Dargent (Ufimh).  “A plus long terme”, la plateforme devrait aussi élargir son périmètre, ses initiateurs souhaitant “développer tout ce qui a trait à la biodiversité ou à l’impact social pour l’enrichir, des guides devant voir le jour sur ces sujets au cours du premier semestre 2026”. Premiers objectifs atteints En attendant, Adeline Dargent pense qu’En Mode durable a d’ores et déjà atteint ses premiers objectifs. “Si j’étais dans une entreprise, c’est l’outil que j’aurais adoré avoir pour travailler sur les sujets de la Mode Responsable, il est très didactique, permet d’aller directement à l’information en fonction de son sujet ; le tout répondant à la curiosité de chacun” souligne la responsable RSE de la l’Ufimh. Certes, les Fédérations constatent actuellement un ralentissement des actions des entreprises en termes de Développement Durable. “Leurs budgets alloués à ces sujets sont plutôt en baisse en raison, d’une part, d’un contexte économique compliqué et d’autre part, de l’allocation d’une partie de leurs ressources à la mise en conformité juridique (loi Agec, Traçabilité…) avec, à la clé, de nouveaux outils coûteux. En 2024, les très grosses entreprises ont aussi dû appliquer la mise en oeuvre de la Directive CSRD, imposant du reporting extra financier sur la durabilité”, note Adeline Dargent. Malgré cette nouvelle donne, En Mode Durable compte bien s’imposer comme une aide précieuse pour les entreprises de la filière Habillement dans leur cheminement vert. “Notre ambition est que la plateforme devienne un outil de référence sur la Mode Responsable à moyen terme”, annoncent Adeline Dargent et Karine Sfar. Pour accéder à la plateforme En Mode Durable : https://www.enmodedurable.fr Pour en savoir plus sur La Maison du Savoir-Faire et de la Création: https://maisondusavoirfaire.com/

3 questions à… Marie Bouhier, responsable RSE de Rivedroite Paris

“Notre projet, allier plaisir et consommation responsable”.  Avec ses lignes d’accessoires éco-conçus, cette jeune marque française relève l’ambitieux défi de proposer une marque à la fois vertueuse et ultra-désirable. Le point sur les axes forts qui font le succès de Rivedroite Paris, alors que la maison s’apprête à fêter son dixième anniversaire.  Pouvez-vous tout d’abord nous présenter votre maison…. Rivedroite Paris a été fondée en 2016 par deux sœurs et une amie - Aurélie Jansem, Yasmine Auquier Buron et Sofia Buron avec un même objectif. Faire évoluer une industrie de la mode encore peu consciente des enjeux sociaux et écologiques. En 2016, elles choisissent de sauter le pas alors qu’elles voient défiler, sur les routes du Maroc, des camions entiers emplis de déchets textiles destinés à la destruction. Elles décident alors de lancer une marque de sacs et d’accessoires fabriqués exclusivement à partir de matières premières recyclées ou upcyclées. Des matières provenant de chutes ou de fins de tissus, récupérées et revalorisées dans une entreprise près d’Alicante. Yasmine est désormais responsable de la stratégie et du développement de la marque, Sofia est chargée de la conception des produits et de l’image et Aurélie pilote les opérations en boutique et digitales. Le tout avec un motto – créer une mode engagée pour une génération consciente. Cette philosophie fédère sans cesse de nouveaux adeptes et l’entreprise est rentable depuis ses débuts. Les collections sont distribuées via un site internet, nous avons ouvert deux boutiques à Paris et travaillons avec un réseau de distributeurs et revendeurs en France et à l'international, États-Unis et Asie. Décrivez-nous vos collections, comment les développez-vous ? Nous avons commencé par l’univers des accessoires avec tous types de sacs : cabas, sacs de voyage, bananes… Nous menons une vraie réflexion en termes d’esthétique et de praticité, avec des portés fluides et des modèles versatiles - sac de sport transformé en sac 24h etc. Nous proposons une collection intemporelle avec une large palette -du bleu marine, camel, rouge intense. Nous présentons aussi une gamme avec des motifs animaliers vitaminés – nos sacs à main léopard ou zèbre, imaginés en collaboration avec une artiste française ; le tout enrichi de 2-3 collections capsules chaque année. Depuis 2024, nous avons développé une collection de prêt à porter, avec quelques pièces iconiques (veste worker, tee-shirts…) fabriquées avec des matières recyclées ou naturelles, comme le Corozo issu des graines de palmier que nous utilisons pour les boutons. Notre pull best-seller est à base d’un molleton mixant matières recyclées et organiques, reprenant l’esprit des anciens pulls des années 60, 70 aux États-Unis. Depuis 2024, vous êtes reconnue comme entreprise à mission. Qu’est-ce que cela implique au quotidien ? La responsabilité sociale et environnementale est au cœur des préoccupations de la maison, ceci depuis sa naissance. Nous fabriquons près de Casablanca et, dès notre première collection, nous avons travaillé avec des artisans que nous rémunérons dignement en les aidant sur le chemin de l’entreprenariat -formation, gestion administrative de leur société…. Nous travaillons en circuit court, essentiellement autour du bassin méditerranéen. Nous avons également développé un service de réparation et un département seconde main, pour amplifier nos différentes offres circulaires. Notre développement a été rapide, nous cherchons aujourd’hui à conforter nos acquis en restant plus que jamais fidèles à nos engagements. Proposer un nouvel art de consommer où l'hédonisme durable devient le nouveau standard, en alliant plaisir et consommation responsable. Pour en savoir plus: https://www.rivedroite-paris.com/

S’inscrire à la nouvelle lettre de l’UFIMH

Rencontres, actualités, business, toutes les informations du secteur

Merci pour votre inscription