2023 : nos voeux pour un affichage environnemental porteur de sens

20 juin 2025

Sous l’égide du Défi, l’UFIMH a conçu de manière collaborative l’une des 11 méthodes actuellement en lice pour l’affichage environnemental des vêtements, linge de maison et chaussants. Il sera en principe règlementé et rendu obligatoire au cours de l’année nouvelle. A date, voici des éléments de nos retours d’expérience et l’expression de nos convictions les plus robustes.

L’année 2022 a été, pour tous nos métiers, trépidante. Avec notamment, la révision du cahier des charges REP (responsabilité élargie du producteur) qui, clairement, vient rebattre les cartes. Y figure des spécifications qui engagent nos filières à plus d’éco-conception et de circularité que par le passé.

Avec aussi, côté consommateur, un engouement sensible pour la seconde main à la fois pour des raisons de pouvoir d’achat en berne et de conscience écologique en hausse.

Avec enfin, un ensemble de textes tout azimut concoctés au plan européen et, tel un chapelet, égrenés tout au long de l’année 2022

  • 👉 discussions au plus haut niveau politique de l’UE autour du projet de directive inspirée de la loi française sur le Devoir de Vigilance ;
  • 👉Pacte vert européen avec des « warnings » avancés par la Commission européenne qui ont scandé 2022 et l’annonce d’un imminent REPD (règlement sur l’éco-conception pour des produits durables).

Plusieurs projets de réglementation européenne donc, qui se précisent au fil des mois, «encapsulent » nos activités et, parallèlement, font émerger des normes et dispositions sectorielles qui ciblent spécifiquement nos filières… Sans oublier :

  • 👉 le Traité international sur les pollutions plastiques dont le processus pourrait aboutir au printemps 2023 à Paris ; du moins telle est l’ambition de nos ministres de tutelles, apparemment ! Or, à cette aune, le relargage de certaines micofibres textiles est problématique : c’est l’un des principaux hotspots identifiés, dans nos activités.

📜 Bref, un long « train de mesures » qui s’emboîtent comme des poupées russes, à une cadence soutenue, est annoncé ; et sans doute le législateur français a-t-il voulu l’anticiper, avec (notamment) la loi AGEC.

Un contexte règlementaire chargé, notamment porteur d’une étiquette spécifique dont la concrétisation oblige, à plus ou moins long terme, nos filières dans leur ensemble.

De quoi donner bien « du fil à retordre » ! Mais sans nous prendre au dépourvu à l’UFIMH, car cela fait déjà quelques années que nous nous mobilisons pour augmenter notre expertise sur les diverses composantes de la RSE (responsabilité sociétale de nos entreprises), développée par exemple à la faveur de nos Ateliers Engagés RSE.

🔦 Et, en matière d’étiquette destinée à éclairer le client final sur le caractère écoresponsable de nos articles, nous avons aux côtés du Défi formalisé et remis à l’Ademe en septembre dernier, l’une des 11 méthodes qu’elle expertise actuellement, et ce jusqu’à la mi-2023 en principe. Soit, l’écodesignscore (EDS) co-élaboré et testé par les principaux metteurs en marché d’articles de mode que nous sommes.

Deux témoignages illustratifs, comme exemples d’un retour d’expérience riche d’enseignement

  1. « Par conviction et désir de mieux communiquer sur nos produits -les vêtements d’image-, conformément à notre état d’esprit à la fois créatif et responsable, nous avons cherché à tester l’étiquetage environnemental, de manière volontaire », explique Dorothée Dufour-Hoofd, directrice Technique et Responsable RSE de Création & Image Paris. Cette PME de 20 personnes que dirige la vice-présidente de l’Ufimh, Claire Besançon, n’est pas assujettie, en tant qu’entreprise B to B, à cette disposition de la loi AGEC. « Nous nous sommes intéressées tout d’abord à la méthode du PEF avant de découvrir l’EDS qui nous a semblé plus accessible, avec des résultats cohérents à la clé» poursuit-elle.

L’EDS est une méthode « PME compatible » témoigne Dorothée Dufour-Hoofd, tout en soulignant l’indispensable accompagnement nécessaire à ce type d’exercice, tant en compétence qu’en temps. Création & Image Paris, qui conçoit, fabrique et distribue des vêtements d’image a testé l’EDS entre février et septembre 2022 sur trois articles emblématiques de ses gammes :

  • Une veste
  • Une jupe
  • Une écharpe

Implication n°1, témoigne-t-elle : « remonter la chaîne de valeur en quête des informations » qui vont permettre d’établir la « carte d’identité du produit ». Parmi lesquelles : le % de matières recyclées et/ou certifiées ; la consommation d’eau des usines de production, leur mixénergétique. Les items à renseigner sont aussi le taux de circularité, la biodégradabilité ; les informations requises portent également sur le lavage et ses impacts. « Certains fournisseurs jouent le jeu ; tous n’y sont pas encore prêts» constate encore cette ancienne responsable des Achats. « La méthode de l’EDS nous aide à structurer les informations à demander à nos fournisseurs ». Des informations utiles à plus d’un titre puisque qu’elles se retrouvent aussi, peu ou prou, parmi les critères des appels d’offres auxquels répond Création & Image Paris: « Tout se tient » estime Dorothée Dufour-Hoofd.

Pour relever les défis, il faut des chaines de valeur… disert ! 

Soyons réalistes, « c’est un travail éclairant, qui demande du temps et une certaine expertise». Vraisemblablement, pour progresser, une solution informatique telle qu’un ERP prenant également en charge les informations relatives à la traçabilité et à l’empreinte environnementale des produits ne serait pas superflu ; le fichier excel est pratique, mais avec des limites, relève Dorothée Dufour-Hoofd.

Toutefois, à l’issue de l’expérimentation (dont le sort final va dépendre du comparatif actuellement en cours à l’Ademe), pérenniser l’habitude enclenchée avec cette expérience lui paraît hautement souhaitable : quand « le pli est pris », la demande d’information récurrente auprès des fournisseurs devient réflexe, la démarche s’installe dans la durée, et les choses se font plus aisément.

  1. Autre exemple : chez Getex que dirige la Présidente de Mode Grand Ouest, Sophie Pineau. L’expérimentation de l’EDSa été réalisée sur sa marque propre, So&J. « Le fabriquant n’a pas la main sur l’étiquette ; la marque si. » relève-t-elle. En l’occurrence, c’est « une marque confidentielle, avec une collection courte -3 à 4 modèles /an-, née de notre volonté de réutiliser les fins de rouleaux ou des restes de production sur des tissus que nous avons achetés, notamment ». L’expérimentation de l’EDS, entre janvier et septembre 2022 a précisément concerné trois types de vêtements :
  • Une doudoune
  • Un blouson
  • Une parka

Première étape, selon Sophie Pineau : disposer des fiches techniques de chaque composant du modèle, en principe détenues par le fournisseur ; or « pour les matières que l’on récupère -dans le but louable de lutter contre les déchets inutiles-, il est rare qu’elles existent car c’est une exigence relativement récente » note Sophie Pineau. Comment, malgré ce handicap, valoriser tout de même la réutilisation dans les scores de l’étiquette fait partie de ses préoccupations.

En phase « prototype »: peser chaque composant de l’article s’impose. Voilà qui n’était pas courant jusqu’ici ! Il faut s’organiser et y penser. Pour tirer au clair la durée de vie vie d’un produit, des tests sont requis -ils sont coûteux, surtout s’agissant d’une collection courte, et « confidentielle » signale la dirigeante.

Comme Dorothée Dufour, Sophie Pineau plébiscite le fait d’être accompagné(e) : « on est au début d’un exercice précis, qui requiert parfois des données difficiles à appréhender -par exemple pour mesurer la circularité-, et aussi, qui implique de co-opérer avec des réseaux (de réparation, collecte-tri-recyclage) parfois émergents sur notre territoire » atteste-t-elle.

Une chaîne de valeur est aussi forte que le plus faible de ses maillons

Guillaume de Seynes, dans le Rapport  « Relocalisation et Mode durable »

Comme nos retours d’expérience le montrent, l’EDS est tributaire de la transparence, de la coopération au sein de nos écosystèmes. Il est en ligne avec de nouvelles opportunités de marché, et aussi de « résilience » pour nos filières parfois trop fragmentées, au risque de « flancher »… Il s’agit de reconnaître et pratiquer une certaine solidarité, revitalisante, entre les maillons de nos chaines de valeur. Le « tissu » économique gagnera en robustesse et nos efforts n’auront pas été vains. A condition de ne pas se tromper de méthode !

L’EDS est pragmatique ; en ligne avec les préconisations de la stratégie européenne, il accorde une place éminente à l’éco-conception, et n’encourage pas le recours à des repères abstraits arbitrairement moyennés comme les promoteurs de l’ACV sont trop souvent enclins à le faire…

L’éco-conception, pierre d’angle de la transition attendue

L’éco conception met les équipes d’une marque de mode dans l’action, après définition des valeurs à défendre. Elle favorise l’éclosion d’un vrai projet d’entreprise pour donner du sens et co-construire une mode durable ; l’ACV ne fait que constater et n’entraîne pas forcément vers un changement de pratique, comme je l’ai écrit en réponse à un autre post.

Nous ne sommes pas de simples « figurants », dans l’évolution que la société appelle de ses voeux. Comme vient de le rappeler un document de l’UE intitulé Stratégie pour des textiles durables et circulaires :

Des champions de l’économie circulaire en puissance ?

📌 « Les vêtements représentent la majeure partie de la consommation textile 🇪🇺 (81 %), la tendance à une utilisation toujours plus brève des vêtements avant de les jeter est ce qui contribue le plus à des modèles de surproduction et de surconsommation intenables. Cette tendance, connue sous le nom de modeéphémère, pousse le consommateur à acheter des vêtements de qualité inférieure à bas prix, produits rapidement, pour réponse à la dernière mode. Bien que le prix des vêtements dans l’Union ait diminué de plus de 30 % par rapport à l’inflation entre 1996 et 2018, les dépenses moyennes des ménages pour l’habillement ont augmenté, indiquant que ces modèles insoutenables n’ont pas permis à la population de bénéficier pleinement des possibilités d’économies correspondantes. De plus, la demande croissante de textiles alimente la consommation inefficace de ressources non renouvelables, notamment la production de fibres synthétiques à partir de combustibles fossiles ».

Nos produits sont vus comme importants : ils sont intimement liés au quotidien des européens, et au-delà. Nul ne conteste que cela compte. Ce qui est fustigé, c’est (même source) :

En finir avec « Prélever, Fabriquer, Jeter » (modèle « linéaire » vs « circulaire »)

📌 « Le modèle linéaire sur lequel repose le secteur textile, qui se caractérise par de faibles taux d’utilisation, de réemploi, de réparation et de recyclage des fibres en boucle fermée, et qui, le plus souvent, ne fait pas de la qualité, de la durabilité et de la recyclabilité des priorités pour la conception et la fabrication des vêtements. Le rejet de micro-plastiques à partir des textiles et des chaussures à toutes les étapes de leur cycle de vie » est l’un des symptômes problématiques. Pas le seul, hélas : « la chaîne de valeur mondiale du textile, complexe et diversifiée, se heurte à des problèmes sociaux, en partie sous l’effet des pressions visant à réduire les coûts de production afin de répondre à la demande des consommateurs de produits à des prix abordables. Le travail des enfants dans l’industrie de l’habillement est une source de préoccupation majeure« .

Face aux défis, jouer un rôle déterminant : on sait faire !

📌 « Dans l’Union, le secteur du textile et de l’habillement est important sur le plan économique et peut jouer un rôle déterminant dans l’économie circulaire. Il représente plus de 160 000 entreprises, emploie 1,5 million de personnes, et a généré 162 milliards d’euros de recettes en 2019. La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions négatives sur le secteur ; (…) durant la pandémie néanmoins, l’écosystème textile a fait preuve de ressources et d’ingéniosité en réorientant les lignes de production en un temps record pour fournir des masques et d’autres équipements de protection, qui étaient grandement nécessaires », notamment -cela n’a pas échappé aux rédacteurs de la Commission Européenne.

A nous de marquer l’essai ! Relever avec créativité les défis qui nous sont posés, à la faveur du changement des modèles d’affaires que tant les clients finaux que les pouvoirs publics attendent, tel est le voeu que je forme et nous adresse, collectivement.

Bien sincèrement,

Sylvie ChaillouxPrésidente de l’UFIMH et du GFF

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Grand entretien : Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët, co-presidents de l’UFIMH.

« Le vote de cette loi est le fruit de cinq années dengagement de toutes nos fédérations. » Un an après lAssemblée nationale, le sénat a voté le 10 juin une proposition de loi pour freiner lessor de la mode « ultra express », incarnée notamment par la plateforme chinoise SHEIN. Avec Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët, le point sur les enjeux de la législation, ce quil reste encore à obtenir et le rôle clé de lUFIMH et de ses fédérations dans cette lutte.  ` Quelles avancées offre cette nouvelle législation ? LG. Nous nous félicitons tout d’abord du vote de cette loi que nous avons attendue très longtemps, plus d’un an après son adoption par l'Assemblée nationale. Par ailleurs, nous avons noté avec satisfaction l’intérêt des sénateurs pour le sujet, ce qui montre une réelle prise de conscience de l’impact de la mode ultra express sur la désertification des centres-villes. Pour le reste, la loi permet de mettre en place une panoplie d’outils efficaces pour lutter contre l’essor de ces plateformes de mode « ultra-express ». Celles-ci devront sensibiliser à l’impact environnemental de leurs vêtements et s’acquitter « d’éco-contributions », avec un principe de bonus-malus et une pénalité qui pourra atteindre 10 euros par article en 2030. Elles seront interdites de publicité avec un volet de sanctions pour les influenceurs qui voudraient en faire la promotion; elles devront aussi payer une taxe instaurée sur les petits colis livrés par des entreprises hors de l’union européenne, comprise entre 2 et 4 euros. Cette taxation permettra de dégager les moyens nécessaires pour faire respecter la loi, sachant que les plateformes, très habiles et très réactives, chercheront sans aucun doute à la contourner. La potentielle collaboration entre la DGCCRF et la CNIL pour lutter contre les potentielles infractions est un atout. Le fait de disposer de deux organismes avec des capacités de sanctions autonomes qui peuvent être mises en place sans passer par des tribunaux, permettra une application plus efficace de la législation.   La présentation de cette loi devant le Sénat était une étape clé. Quelles sont les suivantes ?  PFLL. Cette loi doit désormais être notifiée à la Commission européenne pour attester de sa conformité aux droits européens. Elle devra ensuite passer devant une commission mixte paritaire, composée de sept sénateurs et de sept députés, qui devront se mettre définitivement d'accord sur le texte. Ce sont donc autant de risques de le voir modifié. L'Europe peut proposer des recommandations d'optimisation ; le Conseil constitutionnel français peut décider que certaines mesures, non constitutionnelles, doivent être remaniées. Et enfin, la volonté des députés n'étant pas exactement la même que celle des sénateurs, la commission mixte paritaire risque aussi de faire évoluer le texte.   Revenons sur le passage de cette loi devant la Commission européenne. N’est-ce pas une occasion d'accélérer une prise de conscience globale ? LG. Ce n'est pas le but premier mais il s’agit en effet d’un vote très important. Il montre notamment le rôle pionnier de la France qui deviendra ainsi le premier pays à légiférer contre la mode ultra express. De plus, nous pouvons espérer que cette législation donne une nouvelle impulsion au développement d'une politique européenne, et pourquoi pas mondiale, de lutte contre ces acteurs.   Cette loi constitue une avancée majeure mais elle ne suffit pas. Quelles sont les prochaines étapes ? LG. Nous allons agir pour la fin de l'exonération des droits de douane pour les colis expédiés hors Union européenne et d’une valeur inférieure à 150 €. Nous serons pour cela soutenus par la Confédération européenne du Textile et de l’Habillement, Euratex, dont nous sommes membres et qui défend les intérêts du textile et de l'habillement au niveau européen. Euratex siège à Bruxelles et entend faire pression sur la Commission afin que celle-ci parvienne à un accord entre les différents Etats. Dans le même temps, il sera nécessaire de mettre en place une surveillance efficace de l’évolution des pratiques de ces opérateurs, qui ne manqueront pas d’organiser la riposte.   Comment l’UFIMH participe à cette lutte ? PFLL. Nous oeuvrons depuis plus de cinq ans sur le sujet. Nous avons joué un rôle de lanceur d'alerte en portant le débat sur la scène publique grâce notamment à Yann Rivoallan -vice-président de l’UFIMH et président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin- qui a multiplié les interventions à la télévision, dans la presse et sur les réseaux sociaux. Nous avons également fait entendre notre voix auprès du gouvernement, des parlementaires, députés et sénateurs avec lesquels nous sommes entrés en contact. Nous devons cette première victoire à la mobilisation de tous, y compris des organisations amies de l’UFIMH : la Fédération Nationale de l'Habillement, France Industries Créatives, le Comité Stratégique de Filière Mode et Luxe, le MEDEF…. Elles ont été extrêmement actives pour porter une position commune.   L'UFIMH a été très active pour la promulgation de cette loi mais elle va plus loin, militant pour un autre modèle qui valorise la qualité des produits et des savoir-faire… PFLL. Face à l’essor de l’ultra-fast fashion, nous travaillons concrètement à valoriser une mode durable et de qualité, Made in France ou Made in Europe. Nous allons poursuivre nos actions de sensibilisation auprès du grand public afin de rappeler que la consommation est aujourd'hui un acte politique. Nous avons tous le pouvoir d’agir de façon vertueuse, en optant pour des produits locaux et de qualité, qui préservent nos emplois et sont fabriqués dans le respect des personnes et de l’environnement. Les consommateurs ont bien sûr la liberté d'acheter ce qu’ils souhaitent mais ils doivent disposer de toutes les informations qui leur permettent de faire un choix éclairé, c’est la raison pour laquelle nous soutenons l’affichage environnemental des produits de mode et incitons toutes les entreprises qui le peuvent à obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Nos entreprises doivent avoir la possibilité de développer un modèle économique qui assure à la fois leur pérennité et leur responsabilité sociale et environnementale.  

Label Entreprise du Patrimoine Vivant

« 20 ans au service de l’excellence française » Fabricants de boutons, gantiers…Ces métiers semblaient appartenir au passé. Préservés grâce au label EPV, la plupart ont retrouvé une nouvelle jeunesse.  Ils sont désormais pleinement intégrés à la création contemporaine et travaillent avec toutes sortes de maisons, y compris dans l’univers du luxe.  Retour sur les enjeux d’un label aussi prestigieux quefficace.  Trois lettres sur fond rouge… Le label est tout simple, il est pourtant l’objet d’une immense fierté pour toutes les entreprises qui l’affichent dans leur atelier -preuve irréfutable d’un savoir-faire d’excellence. Né en 2005 à l’initiative du ministère de l’économie et des finances, le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) a été imaginé pour distinguer les entreprises françaises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d’exception. « L’objectif était alors très ambitieux, explique Tristan de Witte, président du label EPV. Il s’agissait d’assurer la pérennité de ces entreprises mais aussi leur donner les moyens de leur renouveau ; les aider à préserver leurs savoir- faire historiques tout en misant sur linnovation. Lopportunité d’une reconnaissance nationale et internationale. Réunissant le meilleur du Made in France, ces entreprises sont désormais 1300 environ et se répartissent entre les univers des arts de la table, de la gastronomie, de l’industrie, de la décoration, de l’architecture, de la beauté, de la mode et des maisons de luxe -ce dernier secteur représentant près de 20% de l’activité des EPV. Toutes sont détentrices d’un patrimoine séculaire, ancré dans un territoire et souvent transmis de génération en génération, au sein d’entreprises restées familiales. Techniques rares et secrètes, production d’exception… Les critères d’obtention de ce label d’état (décerné par les préfectures en région) sont très exigeants, avec des experts missionnés pour visiter les sites de production et évaluer la politique de développement de l’entreprise.  « Sur les quelque 300 dossiers de candidatures reçus chaque année, moins d’une centaine décroche (ou renouvelle) cette récompense attribuée pour cinq années, explique Tristan de Witte. Cette distinction prestigieuse offre des atouts très concrets : une reconnaissance nationale et internationale ainsi qu’un crédit d’impôt allant jusqu’à 30 000 euros par an ».  Une manière de faire converger création et fabrication de haute façon ». Ce coup de pouce suffit souvent à donner un nouvel élan à ces entreprises qui, peu à peu, reviennent dans la lumière, plébiscitées par un public de plus en plus attiré par des produits de qualité et made in France, ce qui soutient le dynamisme de nos territoires. Succès incontestable, le label EPV fête aujourd’hui ses 20 ans avec de multiples projets.  Désormais structuré en une fédération nationale (Réseau excellence EPV) qui réunit 12 associations régionales, le label EPV travaille à tisser des liens avec les différentes organisations pour développer des projets communs. » Notre objectif pour demain ? Agir collectivement pour être plus efficace, faire rayonner le label en France comme à l’étranger, précise Tristan de Witte. Nous agissons, par exemple, pour faire de nos membres EPV des entreprises de référence pour le réaménagement des ambassades françaises à l’étranger. Nous avons également entamé une importante réflexion avec le Mobilier National/ Les Gobelins pour valoriser davantage nos savoir-faire d’exception, notamment en participant au Salone del Mobile de Milan, rendez-vous international incontournable du secteur de la décoration et du mobilier. Autant d’actions destinées à faire rayonner le label EPV en faisant converger création et fabrication de haute façon ». « 20 jours pour célébrer 20 ans !», Le label EPV fête son anniversaire jusqu’au 3 juillet avec des rencontres, des événements… *Des journées portes ouvertes (grand public, scolaires, professionnels…) sont organisées par certaines entreprises qui proposent à l’occasion une visite de leurs ateliers mais aussi des démonstrations, des ateliers participatifs… *Des rencontres économiques à destination des entreprises EPV seront organisées le 3 juillet 2025 au ministère de l’économie et des finances. *Une soirée de clôture des "20 ans du label EPV", à destination des entreprises labellisées et des membres du GPEX, en présence de la Ministre, se déroulera le 3 juillet à Bercy, après les rencontres économiques. Pour en savoir plus: https://www.entreprises.gouv.fr/20-ans-du-label-entreprise-du-patrimoine-vivant  

3 questions à … Dominique GRUSON, Gérant de la société nouvelle Janvier-Gruson-Prat

« Notre société allie deux siècles de patrimoine et d’innovation » Née en 1840, l’entreprise Janvier-Gruson-Prat, incarne un savoir-faire exceptionnel dans la fabrication de boutons et autres accessoires en métal. Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, elle a su s’adapter aux attentes du marché tout en préservant son héritage artisanal, comme l’explique son gérant depuis 2012, Dominique Gruson. Pouvez-vous tout d’abord nous présenter votre entreprise ? Cette maison, née il y a près de deux siècles, s’est toujours consacrée à la même activité – la fabrication d’estampes, de boutons et accessoires en métal. Elle a connu son âge d’or dans les années 1980, employant plus de 100 artisans dans son usine après le rachat d’une trentaine de sociétés. Notre maison a alors pris le nom qu’elle porte aujourd’hui encore -Janvier-Gruson-Prat- et s’est consacrée essentiellement à la fabrication de boutons portés sur les uniformes de l’armée française, de la police nationale, de la gendarmerie et des grandes écoles militaires. La maison fabriquait aussi des estampes, ces pièces destinées à produire une empreinte utilisée ensuite pour le dessin de nos pièces mais aussi en bijouterie ou pour la décoration. Les archives de la maison en réunissent près de 120 000, un patrimoine unique. Quel est aujourd’hui votre marché et comment vous adaptez-vous pour répondre aux attentes de vos clients ? La maison compte une quinzaine de salariés dans notre usine de Savigny-le-Temple qui conserve précieusement notre savoir-faire, ce qui nous a permis de décrocher le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Les étapes de fabrication, qui réclament une grande minutie, sont toujours les mêmes : frapper à froid un flan en cuivre sur une matrice en acier trempé, détourer la pièce de cuivre aux bonnes dimensions, frapper à froid pour faire remonter la gravure et, enfin, ajourer la pièce pour découvrir le dessin initial sans casser le métal. Nous travaillons aujourd’hui pour des maisons de luxe et de décoration. Nous gravons des boutons pour les maisons de mode, notamment pour les défilés de haute-couture.  Les opéras de Paris, Berlin ou Helsinki font appel à nous pour la création de leurs accessoires ou les décorations de leurs costumes. Si nos savoir-faire sont restés les mêmes, les dessins des pièces sont désormais conçus par ordinateur et nous avons intégré des normes strictes en matière de RSE, en produisant notamment des pièces sans plomb ni nickel et en recyclant les chutes de cuivre et des produits issus de la galvanoplastie. Vous êtes aujourd’hui le représentant de la septième génération aux commandes de cette entreprise. Comment pensez-vous la transmission ? Nous sommes très soucieux de la transmission de nos savoir-faire et proposons des formations au sein de notre atelier, afin de préserver une fabrication de haut-niveau. Par ailleurs, mes deux enfants ont rejoint la société et pensent l’avenir de la maison, qui passe par la préservation de notre patrimoine mais aussi l’adaptation aux nouvelles normes et aux nouveaux désirs de nos clients, ce qui passe par une plus grande intégration de la numérisation.   En savoir plus : www.artmetal-framex.com

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