BERCY DESHABILLE LA MODE

27 juillet 2024

Alors que la Fashion Week de Paris bat son plein, l’administration fiscale impose une nouvelle taxe de 7 % sur la création française, menaçant tout l’écosystème du secteur. Cette annonce a sidéré les professionnels qui avaient salué le discours d’Emmanuel Macron le 5 mars dernier soulignant le rôle des créateurs dans l’économie.

Sans aucune concertation avec la filière de la mode et de l’habillement, cette disposition du PLF prévoit le versement à l’Etat de 7 % en 2019 des ressources du DEFI, le Comité Professionnel de Développement de l’Habillement. Le DEFI a pour mission le soutien aux créateurs, à l’image de marque mode de Paris et de la France à l’étranger, à l’internationalisation des PME, au maintien des savoir-faire. Le DEFI accompagne chaque année 550 entreprises. Ce comité est intégralement financé par une taxe affectée qui a été demandée par les professionnels, sans jamais être remise en cause par eux depuis 1984. Cette taxe représente un montant annuel de 10 millions d’euros.

L’administration propose, en 2019, de soustraire à son profit 7 % des ressources du DEFI. Ceci conduira concrètement à ponctionner les soutiens accordés afin de les verser à l’Etat : pour les entreprises, il s’agira d’un nouvel impôt. En 2020, la ponction de l’Etat serait de 20 %.

Cette baisse des ressources du DEFI, si elle était votée, porterait un coup sérieux au secteur, notamment au dynamisme de la création française et à l’internationalisation des PME. Son impact sera négatif au plan économique et sans effet sur les finances publiques.

La mode représente une fois et demie le chiffre d’affaires généré par l’industrie aéronautique et la richesse apportée au pays est supérieure à celle des industries aéronautiques et automobile réunies

Incompréhensible. L’industrie de la mode représente 150 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit directement 1,7 % du PIB français et 2,7 % en comptant les effets induits, dont près de 40 milliards d’euros réalisés à l’exportation. La mode représente une fois et demie le chiffre d’affaires généré par l’industrie aéronautique et la richesse apportée au pays est supérieure à celle des industries aéronautiques et automobile réunies.

Pour le secteur, cette mesure est d’autant plus incompréhensible qu’elle va à l’encontre des derniers signaux du gouvernement. Lors du second Forum de la Mode, qui s’est tenu à Bercy en novembre 2017, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait loué la contribution de l’industrie de la mode à l’économie française et l’accompagnement et les outils apportés par le DEFI aux entreprises. Bruno Lemaire avait même déclaré : « Vous êtes l’un des secteurs dans lesquels les décisions fiscales prises par le gouvernement seront les plus positives ».

Le secteur de la mode ne demande aucune aide ni subvention. Il estime qu’il a su mettre en place une « taxe optimale » en instaurant un système efficace et exemplaire sans peser sur le budget de l’Etat. Les professionnels demandent que les ressources du DEFI au profit des entreprises soient respectées et que son apport crucial à cet écosystème soit reconnu.

Lucien Deveaux, Président du DEFI ; Christian Pimont, Président de l’Alliance du Commerce et de la Fédération des Enseignes de l’Habillement ; Marc Pradal, Président de l’Union Française des Industries Mode et Habillement ; Pierre-François Le Louët, Président de la Fédération Française du Prêt-À-Porter Féminin ; Claude Miserey, Président de la Fédération Française des Industries du Vêtement Masculin ; Claude Tétard, Président de la Fédération Française des Industries de Chemiserie Lingerie ; Daniel Crépin, Président de la Fédération des Industries Diverses de l’Habillement- Mode et Accessoires.

Autres articles :

–       Les Echos : https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/0302346105490-la-filiere-mode-mise-en-colere-par-bercy-2210788.php

–       Fashion Network :

https://fr.fashionnetwork.com/news/DEFI-les-professionnels-font-front-face-aux-coupes-budgetaires,1020309.html#.W78GdmgzaUk

https://fr.fashionnetwork.com/news/Bercy-s-apprete-a-taxer-la-creativite-made-in-France,1018316.html#.W78G_GgzaUm

 

 

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La Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin, avec le soutien du DEFI, lance FLAIR « s’emparer des enjeux mode de demain », ce concept novateur de livre blanc axé sur les évolutions majeures à moyen et long terme du marché, vise à informer et guider les marques vers un avenir plus durable et innovant.   La fédération du prêt-à-porter féminin y reprend quelques chiffres d’une étude, menée par le cabinet de conseil Nelly Rodi, où les acteurs du secteur du prêt-à-porter révèle que :
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  FLAIR offre des conseils pratiques pour aider les marques à naviguer dans un environnement en constante évolution. Il présente des infographies détaillées et une veille sectorielle pour fournir des informations claires et pertinentes. De plus, il inclut des témoignages de succès illustrant les meilleures pratiques et stratégies gagnantes dans le domaine du prêt-à-porter. Parmi les sujets concrets abordés dans FLAIR, on trouve des analyses sur l'importance des données pour le pilotage des marques, des pratiques digitales efficaces sur les réseaux sociaux et des stratégies de distribution omnicanale. FLAIR examine également la responsabilité sociale et environnementale, en soulignant les nouvelles obligations du secteur.   L’ouvrage sera diffusé lors du prochain salon Who’s Next qui se tiendra en septembre à Paris.   Pour se procurer le guide : FLAIR, s’emparer des enjeux mode de demain (pretaporter.com)

Election de Christophe DEHARD à la présidence de Alliance France Cuir

L’Alliance France Cuir a élu Monsieur Christophe DEHARD Président à l’issue de son Assemblée Générale du 20 juin 2024. Agé de 51 ans, il apporte une expérience riche sur l’amont de la filière, incluant l’élevage et la préparation des peaux. Un secteur qui joue un rôle crucial dans la qualité des produits finis, assurant une matière première de haute qualité pour les étapes suivantes de la chaîne de valeur. « C’est une grande fierté de prendre la Présidence de l’Alliance France Cuir et ainsi devenir le portevoix des 21 fédérations qui composent notre confédération. France et à l’étranger une Filière Française du Cuir d’excellence, durable car respectueuse des femmes et des hommes, de l’environnement. Une filière solidaire et engagée, pleinement tournée vers l’avenir » explique le nouveau Président de l’Alliance France Cuir. L’effort de pédagogie et de sensibilisation du grand public comme des pouvoirs publics sur la réalité de la filière, sur ses métiers, et sur le cuir sera poursuivi. Christophe Dehard élu président de l’Alliance France Cuir - Alliance France Cuir | L'actualité et l'information professionnelles de la filière cuir

Changement de présidence à Euratex : élection de M. Mario Jorge Machado

Lors de son Assemblée Générale du 14 juin 2024, Monsieur Mario Jorge MACHADO, dirigeant d’Adalberto Textile Solutions et Président de l’Association portugaise du textile-habillement (ATP), a été élu à la Présidence de la Confédération européenne du Textile-Habillement (Euratex). Mario Jorge Machado a une longue carrière dans le textile et est actuellement actionnaire et directeur de « Adalberto Textile Solutions, S.A. », où il applique des pratiques de gestion avancées pour stimuler la compétitivité et l'innovation. Il est également président de l'Association portugaise du textile et de l'habillement (ATP) depuis 2019 et se distingue par son leadership stratégique dans le secteur du textile et de l'habillement, promouvant l'innovation et la durabilité. Il représente l’ATP au conseil d’administration du CIP – Confederação Empresarial de Portugal et préside le conseil stratégique du CIP pour l’environnement et la durabilité. Diplômé en ingénierie des polymères de production de l'Université du Minho, son expertise s'étend de l'amélioration continue des processus au développement d'équipes commerciales B2B et de modèles économiques B2C. Sa vision englobe l'excellence opérationnelle et la mise en œuvre de pratiques durables, contribuant à l'évolution de l'industrie textile. Le jour de son élection, nous avons demandé à Mario Jorge Machado quelle est sa vision pour EURATEX. « Les derniers indicateurs montrent que l'industrie européenne a des taux de croissance inférieurs à ceux de ses concurrents ; c’est quelque chose que nous devons inverser. Les décideurs politiques doivent comprendre que l’industrie textile ne peut pas être une monnaie d’échange dans les négociations mondiales. Nous voyons ce que font les États-Unis pour soutenir leur industrie, et nous voyons ce que fait la Chine pour soutenir son industrie. L’Europe a pris du retard dans le soutien à son industrie. Mon mandat chez EURATEX sera de promouvoir une stratégie industrielle efficace et intelligente. Au cours de la dernière mandature, l’UE a publié de nombreuses législations sur la durabilité et la circularité ciblant l’industrie manufacturière. Toutefois, si nous voulons que cette stratégie réussisse, nous devons nous concentrer davantage sur la dimension des consommateurs. C’est pourquoi EURATEX a un rôle de lobbying très important à jouer pour que le processus législatif se déroule en fonction de la capacité d’adaptation du secteur. L'Assemblée a également nommé Alberto Paccanelli au poste de président d'honneur, reconnaissant plus d'une décennie d'engagement envers EURATEX et l'industrie textile européenne. « Au cours de ces 13 années d'engagement, j'ai été témoin d'un changement radical dans notre industrie, qui nécessite une voix forte et unie à Bruxelles. Au cours de l’année écoulée, nous avons demandé aux institutions européennes de considérer différentes demandes :
  • La durabilité et la compétitivité doivent aller de pair, avec une mise en œuvre réaliste.
  • Les produits importés doivent respecter les mêmes règles appliquées aux produits fabriqués en Europe. La réciprocité en matière d'accès au marché est essentielle et doit être accordée ; Les barrières tangibles et intangibles sur de nombreux marchés étrangers intéressants, tels que l’Inde, le Mercosur et les États-Unis, devraient être démantelées.
  • Les entreprises ont besoin de financement pour se transformer en moteurs de durabilité et d'innovation.
  • Les consommateurs doivent être honnêtement informés des caractéristiques et de la traçabilité des produits, afin d'éviter le green washing. Les pouvoirs publics sont également des « consommateurs » de produits textiles (pensez aux uniformes militaires) ; ils devraient appliquer des marchés publics écologiques et ne pas se contenter de rechercher le produit le moins cher du marché.
Nous avons bien progressé, mais il reste encore du travail à faire. J’ai pleinement confiance en Mario Jorge pour continuer sur cette voie. L'Assemblée générale d'EURATEX a également élu 4 autres membres de l'équipe de présidence : Michael Kamm (ZWILLING Gruppe, Allemagne), Barbara Cimmino (Yamamay, Italie), Grégory Marchant (UTT, France) et Ismail Kolunsag (Cross Tekstil, Turquie). Au cours de l'Assemblée, EURATEX a également accueilli de nouvelles adhésions du CEMATEX et du Forschungskuratorium Textil e. V., et un partenariat avec Reju. (France).