Grâce au label “Les Ateliers engagés”, les façonniers révèlent leur profil RSE

27 juillet 2024

Article extrait du magazine publié par la Maison du Savoir-Faire et de la Création et financé par le DEFI.

 

Initiée en 2020 par le GFF (Groupement de la Fabrication Française), la démarche de labellisation “Les Ateliers engagés” permet aux entreprises d’améliorer et faire valoir leurs engagements responsables.

Comment faire progresser et reconnaître ses engagements RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) quand on est façonnier ? Chez Textile du Maine qu’elle dirige, Sylvie Chailloux a été confrontée à la difficulté de répondre à certains audits de ses donneurs d’ordres (et notamment à des questions générales comme “que faites-vous pour la biodiversité” ?). Présidente du GFF, elle a décidé, en 2020, de s’attaquer au problème en lançant une démarche pour tous. Un état des lieux des stratégies RSE des façonniers, réalisé avec le consultant Marc Brunel, aboutit à un premier constat : “Si les plus gros adhérents du GFF, dotés de fonctions support, avaient déjà initié quelque chose, il restait beaucoup à faire dans les petits ateliers”.

Six critères

Des webinaires de sensibilisation des façonniers à l’ISO 26 000 (la norme internationale de la RSE) sont alors organisés par ECOEFF LAB, sous la houlette du consultant Philippe Schiesser. Mais cette norme ne pouvant pas être “labellisée”, le GFF se lance dans le développement de son propre label autour des six critères structurants – gouvernance, chaîne de valeur, empreintes sociale, environnementale, territoriale et enfin, auprès des consommateurs – de la norme ISO 26000. Pour les identifier à chaque étape de leurs process, sept ateliers sont ensuite menés en 2021 avec une quinzaine de membres du GFF. Ce travail d’approfondissement conduit au dépôt d’une labellisation comprenant des obligations “allant au-delà du simple respect de la réglementation” et des indicateurs de mesure.

Trois niveaux de labellisation sont envisagés : les Ateliers engagés avec 6 indicateurs à suivre soit 1 pour chaque thème du référentiel ; la Maîtrise (avec 18 indicateurs, 3 par thème) et enfin, Excellence (avec 30 indicateurs, 5 par thème). Excellence est aujourd’hui en stand by “car nous voulons associer nos parties prenantes à la définition des exigences supplémentaires afin de couvrir tous les champs d’audit” explique Sylvie Chailloux. “Un important travail est à mener, notamment avec les donneurs d’ordresNous le mènerons en 2023 pour un possible aboutissement en 2024.”. De façon générale, pour que la labellisation “Les Ateliers engagés” puisse “être reconnue comme une référence dans la profession par les donneurs d’ordres”, le GFF s’est appliqué, dès le démarrage du chantier, à impliquer ses clients.

Embarquer les salariés

 

Côté façonniers, pour décrocher la labellisation, valable trois ans, “il faut apporter des preuves des actions et engagements pris, et s’engager à suivre les indicateurs”. Pour faire reconnaître le respect du référentiel, le GFF est accompagné par le bureau Veritas. Outre un audit initial, en mode “physique”, l’organisme réalisera un audit intermédiaire (documentaire) au bout de 18 mois. 6 ateliers pilotes testent aujourd’hui, avec Veritas, la pertinence des deux premiers niveaux du label.

Objectif : avoir de premières entreprises labellisées début 2023. Le but “étant d’en convaincre d’autres après”. Ce label va ainsi permettre de valoriser les bonnes pratiques de la profession. Il est également une façon de se distinguer sur la Plateforme des Façonniers de la Maison du Savoir-Faire et de la Création.

Pour prêcher la bonne parole, le GFF organise tous les semestres une série de 5 ateliers s’appuyant sur le référentiel des Ateliers Engagés. “La durée d’obtention du label sera très différente d’une entreprise à l’autre : certaines vont mettre beaucoup de temps, d’autres n’en sont pas très éloignées” estime Sylvie Chailloux. A ses yeux, la priorité sera, une fois le chef d’entreprise convaincu, “d’embarquer ses salariés dans cette démarche RSE”. Car celle-ci “se vit au quotidien. Il faut que cela soit vivant. Tout cela vient aussi conforter notre marque employeur, un point très important pour recruter”.

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