Comment Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët veulent fédérer le secteur de l’habillement autour de l’Ufimh.

3 novembre 2025

En janvier dernier, Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët devenaient co-présidents de l’Union française des industries de la mode et d’habillement, prenant le relais du mandat de trois ans de Sylvie Chailloux. Les deux dirigeants, figures reconnues du secteur, qui connaissent parfaitement les rouages des organisations patronales, annonçaient alors un « projet refondateur » et une évolution des structures de décision du secteur. L’Ufimh réunit au niveau national la Fédération française des industries du vêtement masculin et la Fédération française du prêt-à[1]porter féminin, auxquelles s’ajoutent la Fédération des industries diverses de l’habillement, le Groupement de la fabrication française (GFF) et de nombreux syndicats régionaux. L’ambition affichée est de fédérer les énergies de ces différents acteurs. Alors que le secteur de l’habillement et de la mode est confronté à une intense transformation et à des difficultés structurelles, FashionNetwork.com a fait le point avec le binôme sur cette nouvelle approche, sur les projets portés par l’organisation et sur leur philosophie.

FashionNetwork.com : En janvier dernier, vous avez été élus co-présidents de l’Ufimh. Pourquoi cette organisation en binôme ?

Lionel Guérin : C’était important car nous sommes tout d’abord complémentaires. Ensuite car cela peut faciliter une logique de rapprochement dans laquelle nous sommes engagés. Et enfin, parce que le secteur est confronté à de nombreux sujets auxquels nous devons apporter des réponses.

FNW : En quoi êtes-vous complémentaires ?

Pierre-François Le Louët : Nous possédons des compétences et des histoires un peu différentes. Lionel est un très grand professionnel de l’univers du social, de la formation. Pour l’Ufimh c’est absolument essentiel car notre fonction implique de négocier les conventions collectives. Pour ma part, j’ai une expertise de l’innovation et des marques alors que Lionel maîtrise l’univers du vêtement d’image et de fonction, qui est une autre composante importante de notre union.

FNW : Lorsque votre mandat a été annoncé, vous avez glissé dans votre lettre d’intention vouloir une évolution des structures de décision et un rapprochement des équipes des différentes structures. Qu’est-ce que cela signifie ?

PFLL : Cela veut dire que nous avons mis en place une nouvelle gouvernance. Et nous annonçons aujourd’hui le déménagement de la fédération du prêt-à-porter féminin au 8 rue Montesquieu, à Paris, qui rassemblera donc l’ensemble des fédérations professionnelles composant l’Ufimh. La fédération des industries du vêtement masculin est déjà là, la maison du savoir-faire et de la création est déjà là. La FFPAPF nous rejoindra en octobre.

FNW : Qu’est-ce que cela doit apporter ?

LG : Cela va permettre que les équipes puissent travailler beaucoup plus ensemble et mener à bien des projets. Mais nous avons surtout la mise en place de la nouvelle gouvernance avec huit vice-présidents statutaires qui ont été chacun choisis pour leurs compétences sur l’un des huit sujets stratégiques que nous avons identifiés en conseil d’administration. Nous avons aussi défini des référents opérationnels membres des équipes des fédérations pour pouvoir soutenir chaque vice-président.

FNW : Quel est l’objectif de cette mise en place et qui sont les vice-présidents ?

PFLL : Il y a un souci d’efficience. Notre objectif est d’avoir des prises de positions extrêmement claires de l’Ufimh sur tous les sujets qui la concernent et d’être présent dans toutes les négociations ou discussions. Notre rôle est de représenter notre profession sur tous les sujets régaliens liés aux discussions avec les assemblées, avec le gouvernement et les différents ministres. Nous savons qu’il y a de très fortes ambitions pour notre secteur. Donc il faut chez nous des interlocuteurs qui sachent exactement de quoi ils parlent. Chacun a mis en place ses notes de contexte et des visions d’avenir.

LG : Les vice-présidents ont été élus ce 20 mars en assemblée générale. Claire Besançon, qui avait déjà en charge ce sujet précédemment, coordonne la thématique de la transformation RSE, Sylvie Chailloux est vice-présidente en charge de la relocalisation et de la réindustrialisation, Hervé Coulombel supervise les sujets sur l’innovation, Jacques Martin-Lalande prend en main le social et la formation alors que Pierre-Jacques Brivet se charge de la formation initiale, Laurent Marck dirige la plateforme des savoir-faire, Yann Rivoallan est vice-président de la transformation digitale et Hervé Huchet du développement international. Enfin, Dominique Jacomet est notre référent sur les questions européennes.

FNW : Étiez-vous confrontés à un manque de visibilité des enjeux du secteur du fait des nombreuses fédérations ?

PFLL : En réalité il y a beaucoup trop de fédérations professionnelles et d’interlocuteurs potentiels. C’est le sens de la mise en place d’une gouvernance unifiée et du rassemblement des fédérations dans un même lieu, mais Lionel Guérin et Pierre-François Le Loüet – Ufimh aussi du rapprochement des structures en régions.

FNW : Mais chacune des entités a un président et des équipes, comment allez-vous fonctionner ?

PFL : Les choses vont évoluer dans le sens du rapprochement des organisations. C’est ce qui a été voté à l’unanimité par notre conseil d’administration. C’est important pour pouvoir aller dans le même sens. Concrètement les présidents de fédérations sont élus et sont vice-présidents de l’Ufimh. Nous ne nous marchons pas sur les pieds, au contraire. Nous prenons le meilleur de chacun d’entre nous pour avancer et pouvoir apporter des réponses au gouvernement.

LG : Par exemple, je reste président de la fédération des industries du vêtement masculin, qui m’a élu en février suite au décès de Claude Tétard, donc je reste président de cette fédération et vice-président de Promas, qui se charge de promotion internationale des marques du masculin.

FNW : Vous évoquez une évolution de l’organisation. Qu’est-ce qui a changé ?

LG : Nous avons mis le focus sur les axes stratégiques. Récemment il n’y avait qu’une commission dédiée à l’innovation et à la RSE. Nous l’avons scindée car les questions de la transformation technologique et de la transition écologique nécessitent des actions dédiées. Par ailleurs chaque vice-président s’appuiera sur une équipe au sein de l’Ufimh avec l’idée d’ouverture à d’autres experts et des start-ups extérieurs à nos fédérations. En effet, les chefs d’entreprises ont parfois tendance à avoir le nez dans le guidon. Nous voulons avoir cette ouverture pour avoir un regard prospectif.

FNW: Vous débutez votre mandat de trois ans. Quels sont les sujets clés ou défis auxquels vous allez être confrontés ?

PFL : Il y en a quatre. Il y a tout ce qui a trait à la réindustrialisation et la souveraineté industrielle. Le second concerne le développement durable car au niveau européen il y a 13 textes qui vont impacter la mode dans les années qui viennent dont neuf sur le développement durable. Le troisième sujet c’est l’humain. Et en particulier l’adéquation entre l’offre et la demande de formation. Enfin, il y a l’innovation technologique. Si nous voulons la réindustrialisation et la transformation RSE, il faut que les entreprises soient accompagnées par de nouvelles solutions qui leur permettent d’embrasser ces nouvelles contraintes sans trop de difficultés.

« La transition durable n’est plus une question, c’est une nécessité »

FNW : Vous évoquez les textes européens. Mais au niveau français, la future loi portée par la députée Anne-Cécile Violland, présentée comme « contre l’ultra fast-fashion », ou le prochain dispositif d’affichage environnemental, vont apporter des changements au niveau français. Il semble que le gouvernement a prêté l’oreille à des organisations comme En mode Climat ou la Fédération de la mode circulaire. La nouvelle structure de l’Ufimh est-elle aussi une réaction au poids de ces acteurs ?

PFL : Non, il n’y a pas de réaction. D’ailleurs, nous avons de bonnes relations avec la fédération de la mode circulaire comme avec beaucoup d’autres acteurs de notre écosystème, comme l’Alliance du commerce et la Fédération de la maille. Qu’il y ait des activistes qui soient écoutés par le gouvernement c’est absolument normal. Si nous voulons être efficaces nous avons besoin que les entreprises s’approprient les réformes et notre mission est de les représenter. Avec le ministère de la Transition écologique nous avons participé aux différents travaux et aux différentes auditions qui ont mené à cette loi anti-fast-Fashion que nous soutenons. Il faut reconnaître le poids considérable de Yann Rivoallan, le président de la fédération du prêt-à-porter féminin, dans ce combat dans lequel il a eu un rôle crucial, autant voire plus, que beaucoup d’activistes.

Donc les fédérations professionnelles ont été à l’avant-garde de ce mouvement contre l’ultra-fast-fashion et nous sommes très heureux du vote à l’unanimité de cette loi à l’Assemblée nationale. Mais notre rôle ne se limite pas là. Nous serons aussi très attentifs à la bonne application de cette loi car cela dépendra d’un certain nombre de décrets sur les seuils, la question des modalités d’affichage environnemental ou de la définition d’une référence. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour que cette loi ne rate pas sa cible. Nous sommes alignés avec l’Alliance du commerce et la Fédération de la maille pour, le diable étant dans les détails, pour vraiment être sûr que cette loi vise l’ultra fast fashion qui a tellement déstabilisé notre écosystème.

FNW : Avec cette période d’inflation, les entreprises du secteur voient leurs marges attaquées. Comment envisagez-vous qu’elles investissent dans la RSE et l’innovation alors que leur priorité est plutôt, comme le disait Lionel Guérin, d’avoir la tête dans le guidon et de continuer à avancer ?

PFLL : Je comprends parfaitement les difficultés des entreprises, je suis chef d’entreprise moi-même et confronté à la transformation radicale des industries de la mode. Mais en fait ça n’est plus une question c’est une nécessité car c’est une obligation légale. Les lois qui sont votées ou les neuf textes en cours de discussion au niveau européen font que de toutes les façons nous n’avons pas le choix. L’Ufimh a mis en place avec le soutien du Défi des subventions avec un accompagnement financier des entreprises pour pouvoir les aider à embrasser cette transformation. Nous avons créé des outils, avec des guides donnant la direction concrète. Les fédérations peuvent aider à définir une stratégie.

LG : Nous sommes passés d’une logique d’acculturation, qui permettait de faire comprendre les enjeux et d’éviter d’avoir des entreprises qui mettent ces sujets au fond d’un tiroir, à une logique d’action. Tout le monde doit avoir compris, et notre job est maintenant de pouvoir leur fournir un système clé en main car toutes les entreprises n’ont pas la puissance de feu des grands groupes pour développer des réponses en interne. Pour les petits, on ne fait plus de l’information, on va leur proposer un guide de mise en place.

PFL : Car aujourd’hui si on est une marque et que l’on n’a pas commencé à s’intéresser à ces sujets, je confirme qu’on est très mal parti !

FNW : Pourtant, dans d’autres secteurs une musique se fait entendre de la part de représentants d’entreprises quant au coût trop élevé de la transition. Qu’il faudrait alléger les cadres voire repousser les échéances. Est-ce l’approche de l’Ufimh ?

PFL : Que ce soit bien clair, nous avons été la première organisation professionnelle il y a huit ans à financer une étude sur le développement durable et la mode. Cela fait fait huit ans que nous alertons les entreprises et que nous comptons parmi nos membres les entreprises les plus engagées de France sur ce sujet-là. Si l’idée est décalée d’un an ou deux, en fait ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est que toutes les sociétés aujourd’hui doivent avoir une stratégie RSE, avec un plan d’actions. Encore une fois, nous n’avons pas le choix ! La question n’est pas de décaler de 12 ou 18 mois quand on parle de la vie d’entreprises qui s’étend sur plusieurs dizaines d’années. Le sujet c’est d’avancer !

FNW : Mais, vous l’avez dit, les sociétés peuvent difficilement répondre seules à ces défis. Les dirigeants sont-ils prêts à travailler collectivement ?

PFL : Je pense qu’il y a déjà un joli travail collectif. Nous testons plein de choses avec nos organisations professionnelles. Effectivement, il faut encourager les entreprises qui se sentent un peu perdues à se rapprocher de nos organisations pour qu’on puisse les embarquer et, comme le disait Lionel, avoir de l’impact. Mais collectivement il y a un autre sujet sur lequel nous sommes extrêmement attentif, c’est la question de la relocalisation, de la souveraineté qui est liée aux questions de durabilité. Nous lançons un appel à toutes les marques de mode premium pour qu’elles puissent relocaliser une partie de leur production en France.

FNW : C’est-à-dire ?

PFL : C’est-à-dire qu’on ne parle pas de mettre en place une capsule alibi, mais de mettre en place des partenariats avec des fabricants français qui sont à l’écoute, capables de fabriquer pour le moyen de gamme. Nous devons nous assurer de ne pas être dépendants exclusivement des importations très lointaines.

FNW : Sur ce sujet, le salon Première Vision Made in France se tient actuellement. Quel état des lieux faites-vous de la situation du secteur. N’y a-t-il pas une défense de l’existant à mener ?

PFL : Oui toujours. Aujourd’hui, il y a les fabricants français qui font du haut de gamme et sont portés par le luxe. Et ceux qui font du moyen de gamme et qui sont portés par des marques souvent de petite taille, souvent très engagées sur la question du Made in France et qui ont bénéficié d’un vent porteur en sortie de Covid. Cette engagées sur la question du Made in France et qui ont bénéficié d’un vent porteur en sortie de Covid. Cette deuxième population souffre de l’inflation et de la désorganisation des approvisionnements de matières. Il faut la soutenir maintenant car sinon elle ne sera plus là quand il y aura des obligations légales pour les marques de réaliser de la production en France. Et à ce moment-là nous n’aurons pas de solution et les marques vont se retrouver extrêmement démunies. Il faut absolument que du côté des marques premium, nous arrivions à reconstruire une culture industrielle pour créer ces ponts avec les fabricants français. Nous pouvons déjà nous appuyer sur la Maison du savoir-faire et de la création dont la nouvelle plateforme a mis en lien l’an dernier 400 sociétés.

FNW : Parmi vos axes, il y a un sujet qui est un axe complexe depuis plusieurs années pour les entreprises, c’est le recrutement et la transmission des savoir-faire. Quelles actions voulez-vous mener ?

LG : Nous travaillons très bien avec l’Opco de référence. La difficulté est liée à l’accompagnement des entreprises de plus de 50 salariés qui n’ont plus accès à des fonds mutualisés. Nous réfléchissons à créer un fonds mutualisé professionnel pour accompagner toutes les entreprises. Nous visons à que ce dispositif soit opérationnel en 2025. Et puis il y a une image du secteur qu’il faut enjoliver. Il faut réussir à attirer les jeunes et pouvoir présenter des politiques sociales motivantes. Par exemple l’an passé nous avons signé un accord type d’intéressement[1]participation. Nous faisons face à une concurrence pour attirer les profils, notamment par la maroquinerie. La force du secteur est que le travail peut être intéressant. L’aspect formation initiale a été confié à Pierre-Jacques Brivet, avec un travail sur les référentiels de formation d’un BTS, d’un CAP mais aussi d’une dizaine de certificats de qualification professionnelle et des titres du ministère du Travail. Nous souhaitons remettre en adéquation les cursus d’éducation et la réalité des métiers.

FNW : L’actualité du secteur en France est assez morose. Vous débutez votre mandat commun. Quels sont les aspects positifs et motivants dans la période actuelle ?

PFL : Ce qui nous motive, c’est l’incroyable transformation de notre industrie. C’est ce qui est palpitant. Sur les aspects de développement technologique, de développement durable, de relocalisation, de développement international… tout change ! Le cadre législatif change les les aspirations des consommateurs changent, les modèles de distribution changent. Ce qui nous motive c’est d’éclairer les entreprises sur ces transformations pour qu’elles soient le mieux à même de prendre les bonnes décisions.

LG : La transformation est en partie contrainte et il est vrai qu’en tant que présidents de fédération, nous aurions préféré avoir un marché où les entreprises étaient en expansion, cela rend les choses plus faciles et donne un état d’esprit positif. Mais justement nous voulons arriver à être utiles à un secteur dans lequel nous naviguons depuis longtemps qui nous intéresse et nous plaît.

PFL : La chance que nous avons dans cette transformation, c’est que nous comptons sur des ministres qui s’intéressent à nous. Tant du côté de la transformation écologique que de Bercy, nous sommes reçus et écoutés, avec un grand nombre de chefs d’entreprises auditionnés. Ils sont extrêmement attentifs à notre secteur.

Par Olivier Guyot  – Fashionnetwork – 28 mars 2024

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Le grand entretien avec… Frédéric Maus, Président du salon Who’s Next.

Who’s Next, un catalyseur de transactions, et d’inspirations. C’est l’un des événements majeurs pour l’ensemble de la filière, notamment depuis l’importante croissance de ses visiteurs étrangers. Président du salon Who’s Next, Frédéric Maus nous dresse le bilan très éclairant de l’édition de septembre dernier. Nombre de visiteurs, nouveautés 2025, grandes tendances du secteur en termes de développement ou de distribution… Le point sur les axes-clé qui ont signé l’événement.    Le salon s’est déroulé du 6 au 8 septembre dernier dans un contexte géopolitique assez chahuté. Quel regard portez-vous de cette édition ? En dépit de la période difficile, le bilan s’est révélé très positif pour nos trois entités. Who’s Next s’impose désormais comme LE rendez-vous international de la mode et du retail. Bijorhca confirme son rôle de référent pour la joaillerie et Interfilière Paris est devenue une plateforme internationale incontournable en termes de sourcing et d’innovation textile. Côté visiteurs, nous avons enregistré une progression globale de 3%, portée notamment par nos partenariats stratégiques avec Ankostore (plus de 300 000 détaillants) et l’intégration de PagesMode (plus de 25000 boutiques référencées). En termes d’exposants, la tendance est identique. Plus de 1300 marques et fournisseurs ont répondu à l’appel et l’on observe une progression significative du marché international (37% France et 63% étranger). Le tout avec de nouveaux entrants, ce qui atteste de l’intérêt grandissant pour l’événement. Ces 1300 marques correspondent au nombre maximum pour la superficie du grand hall de la Porte de Versailles. Cette donnée n’est pas une contrainte mais une opportunité, qui permet d’affirmer notre rôle de curator via notre comité de sélection, et de déployer une offre en phase avec les attentes de nos acheteurs en termes de savoir-faire et de vitalité créative. Grâce à ce nombre restreint, nous restons un salon à taille humaine avec une expérience de visite unanimement appréciée… Même si Who’s Next s’impose comme le leader européen des salons pour la mode et les accessoires féminins : l’écosystème parfait pour remplir les carnets de commandes. Who’s Next est aussi un laboratoire d'idées et de prospective. Quelles évolutions avez-vous constaté pour ce cru 2025 ? Les collections printemps-été 2026 présentées étaient évidemment très variées mais on pouvait repérer quelques lignes de force, notamment un goût affirmé pour des palettes de couleurs joyeuses et bien vivantes. Une façon de rappeler le côté résilient de la mode, sa capacité à l’optimisme et à l’énergie, y compris dans un contexte plutôt morose. Autre observation positive, un engagement toujours soutenu pour l’éco-responsabilité, en dépit du backlash dont on parle beaucoup. Les enjeux écologiques restent une donnée incontournable pour les marques, induisant de nouvelles façons d'aborder la création. Enfin, nous avons observé une tendance grandissante à l’hybridation des modèles, qui semble plus que jamais la clé de croissance des industries créatives. Beaucoup de marques, nées en ligne, perçoivent aujourd’hui les limites de cette démarche et se tournent vers le wholesale et le réseau français de 14 000 détaillants multimarques. Ce canal historique de la mode, solidement installé et sans frontières, demeure la colonne vertébrale de la distribution mondiale. Pour les marques traditionnelles en revanche, un réseau de boutiques en propre devient souvent un investissement très lourd, ce qui les incite à se tourner vers le digital pour assurer leur croissance, tout en conservant le wholesale pour sécuriser volume et visibilité. Le salon se veut également un laboratoire de réflexion avec des prises de parole, des conférences… Notre Creative Hub a proposé une matériauthèque et des démonstrations de savoir-faire avec des focus couleurs, devenant un vrai laboratoire d’idées et d’innovation au cœur du salon. Who’s next Lab a prolongé cette dynamique en explorant des formes émergentes de création : impression 3D, IA générative et modélisation, matériaux bio-inspirés, design expérimental. Ces expériences se sont enrichies de formats culturels avec, notamment, la célébration des 40 ans du magazine de design Intramuros. Enfin, la WSN Academy a ajouté une dimension plus stratégique avec une série de conférences et de débats d’experts co-organisés avec la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin (membre de l’UFIMH), valorisant un écosystème solide de partenaires institutionnels et professionnels : Francéclat, Comité Français de la couleur… Autant d’événements qui attestent que Who’s Next n’est pas seulement un lieu de transaction mais aussi un catalyseur d’inspiration. Un rendez-vous qui mêle créativité, innovation et idées neuves pour penser l’avenir des filières. Le salon a également fait l’actualité avec le lancement de Who’s Next Home et du parcours Sourcing & Solutions. Pouvez-vous nous en dire plus ? Who’s Next Home est né d’un constat, la convergence croissante entre mode et design. La rencontre de ces deux univers s’exprime notamment par les déclinaisons déco et design de nombreuses marques mais aussi par des modes de création très proches, l’inventivité de la mode venant souvent servir le dessin des objets du quotidien. De nombreuses marques proposent désormais des boutiques pensées comme des concept-stores, des lieux de vie avec des pop’up et de multiples univers, ce qui correspond à l’attente des consommateurs. Forts de ces observations, nous avons pensé cette entité Who’s Next Home avec la présence d’une cinquantaine de marques qui revendiquent une création artisanale et engagée, le tout organisé dans une scénographie immersive ; un espace d’inspiration à part entière. Dans le même temps, nous avons lancé le parcours Sourcing & Solutions pour faciliter les recherches des professionnels et connecter toute la chaîne de création, de la matière première au produit fini. Au cœur de ce parcours, le Creative Hub a réuni innovation et savoir-faire, prouvant que le sourcing - longtemps perçu comme une simple étape technique- s’impose désormais comme un vrai moteur de différenciation et de création de valeur. Vous préparez déjà la prochaine édition du salon, en janvier prochain. Pouvez-vous nous donner en avant-première, quelques informations ? Nous allons poursuivre notre implication dans le domaine du design avec la montée en puissance de Who’s Next Home qui deviendra Shoppe Object Paris, en association avec le groupe américain Andmore, exploitant d’espaces d’exposition et de showrooms haut de gamme. L’objectif ? Faire de l’entité un “salon dans le salon” et organiser ensemble des événements internationaux autour du design et du retail. Pour le reste, nous aimons garder le secret car la profession vient à Who’s Next pour vivre un moment un peu extraordinaire et nous essayons d'être aussi créatifs que les gens qui nous font confiance. La surprise est donc essentielle mais je peux vous déjà dévoiler le nom de cette prochaine édition : Room 01 26. Retrouvez informations et dates de la prochaine édition sur le site : www.whosnext.com

Programme Trait d’Union, un appel à candidatures pour promouvoir le Made in France.

Vous êtes à la tête d’une entreprise et vous souhaitez vous restructurer autour du Made in France ? Profitez d’une opportunité rare avec l’appel à candidatures pour le programme Trait d’Union qui se clôturera le 3 novembre prochain. Créé à l’initiative de PROMAS, la Maison du Savoir-Faire et de la Création (MSFC), le Groupement de la Fabrication Française (GFF), membres de l’UFIMH et avec le soutien du DEFI, ce programme permettra à cinq marques de mode françaises, créatives et engagées, de bénéficier d’un accompagnement personnalisé de qualité vers le Made in France. “Réactiver le dialogue parfois oublié entre créateurs et fabricants, essentiel à l’histoire d’un vêtement Made in France” : c’est l’objectif de Trait d’Union, le tout nouveau programme visant à accompagner “des marques de mode dans une démarche de production plus locale, responsable et engagée, en facilitant des collaborations concrètes avec des façonniers français aux savoir-faire d’exception”, exprime Hervé Huchet, directeur international de PROMAS. Le 8 octobre dernier a été lancé l’Appel à Candidatures, qui se clôturera le 3 novembre à minuit, permettant de sélectionner cinq marques françaises créatives qui bénéficieront de ce “Trait d’Union”. Une opportunité de développement pour les marques françaises Le projet est porté à la fois par PROMAS, l’Office de Promotion de l’Habillement Masculin, membre de l’Union Française des Industries Mode & Habillement (UFIMH), en collaboration avec la Maison du Savoir-Faire et de la Création (MSFC), le Groupement de la Fabrication Française (GFF) et ce, avec le soutien du DEFI. Représentées au sein d’un jury, qui se réunira le 21 novembre prochain - et devant lequel les marques présélectionnées viendront présenter leur projet - ces différentes structures choisiront les 5 lauréats qui seront officialisés le 27 novembre. Avec un top départ de Trait d’Union prévu le 6 janvier 2026 ! A la clef : un programme sur mesure déployé pendant un an avec l’objectif de “faciliter des collaborations entre marques et façonniers pour la réalisation de leur collection Printemps-Été 2027”. En bref, du coaching personnalisé pour des “marques qui veulent faire beau, juste et français” ! Non seulement les heureux élus seront assistés “pas à pas dans leur démarche de production locale, alliant exigence créative et maîtrise du geste”, mais ils bénéficieront aussi de la visibilité média grand public donnée au programme. Pour le couple marque-fabricant du Made In France, l’opération est “gagnant-gagnant”. Un accompagnement sur mesure “Nous donnerons aux cinq marques de mode sélectionnées les clés du succès pour le développement, la production et la distribution de leur collection et nous allons promouvoir ces entreprises ayant fait le choix du Fabriqué en France. Notre objectif est également de tisser des liens durables entre marques créatives et façonniers français tout en valorisant les savoir-faire d’exception des ateliers de confection du territoire auprès des marques de mode et du grand public”, souligne Sylvie Maignan, responsable de la MSFC. En effet, les cinq lauréates du programme auront accès à 12 mois de coaching et de masterclass dispensés par plusieurs experts sur les sujets de sourcing, de gestion de collection et de production mais également sur les stratégies marketing, financières et commerciales. Au cœur du dispositif, sera mise en place une équipe de trois coachs dédiés respectivement à l’audit et à la coordination de projet, à la production et enfin, au commerce Wholesale et Retail. Cet accompagnement sera “cousu main” pour chaque marque, permettant ainsi de coller à ses problématiques, identifiées lors d’une phase d’audit. Il comprendra un suivi opérationnel afin de structurer durablement ses collections en cohérence avec une confection française. Les critères de candidature Pour pouvoir candidater, plusieurs conditions doivent être réunies : être une marque de mode française avec au moins trois ans d’ancienneté, dont le chiffre d’affaires a été de 500 000€ H.T minimum en 2024, afficher un bilan positif et être à jour de la taxe DEFI. Il se peut qu’elle n’ait pas encore, jusqu’ici, fait fabriquer de modèles dans l’Hexagone, mais elle doit s’engager à y produire au moins un tiers du CA H.T. de sa future collection Printemps/Été 27 (Homme, Femme ou Unisexe) avec un ou plusieurs façonniers partenaires. Laquelle collection doit proposer 60 % minimum de chaîne et trame. Du côté des façonniers : un appel à manifestation d’intérêt Ce déploiement du Made in France passera par des mises en relation qualifiées avec des professionnels de la fabrication française reconnus pour l’excellence de leurs savoir-faire, qui seront assurées par les équipes du GFF et de la MSFC. Un appel à manifestation d’intérêt sera ainsi lancé par ces deux acteurs auprès des plus de 300 façonniers référencés sur la plateforme de la Maison du Savoir-Faire et de la Création, afin d’obtenir les combinaisons idéales “marques-façonniers”. Ce processus, accompagné de conseils personnalisés dans le choix des bons partenaires, vise à favoriser des collaborations engagées et cohérentes avec les besoins des lauréats sélectionnés. A ce titre, une charte d’engagement moral tripartite entre la marque, le fabricant et les organisateurs sera signée. Une ambition grand public : le Made in France, source de créativité Enfin, Trait d’Union comprend un plan de communication grand public qui valorisera le Fabriqué en France, en donnant la vedette aux marques et façonniers participants. Le programme Trait d’union souhaite casser les codes de perception du Made in France, en montrant une image qualitative et créative qui s’inscrit entre héritage des savoir-faire et modernité de l’appareil productif des façonniers. Une campagne de communication permettra de “suivre les parcours croisés des marques et des fabricants dans un esprit narratif à travers des contenus audiovisuels diffusés sur les réseaux sociaux”. Des photos, vidéos et autres vlogs des ateliers et créateurs mettront aussi des visages sur la fabrication et création françaises. Une façon très visible, sur le terrain, de faire connaître l’opération et le talent de ces acteurs. “Trait d’Union ne cherche pas à réinventer la mode, mais à la réenchanter. En valorisant la créativité des marques et les savoir-faire des ateliers français, en favorisant la relocalisation, en misant sur la collaboration et la transparence. Le programme esquisse une nouvelle culture de mode, celle du temps, du geste, et du lien ”, Sylvie Maignan, responsable de la Maison du Savoir-Faire et de la Création. Pour postuler au programme : https://traitdunion-mode.fr

3 questions à… Violaine Moreau, responsable de marché Femme aux Galeries Lafayette.

« La mode se reconnecte aujourd’hui à la vie réelle, au style de vie » En charge des achats pour la mode femme aux Galeries Lafayette, Violaine Moreau est l’une des observatrices les plus expertes de ce marché. Pour l’UFIMH, elle nous dévoile les temps forts de la prochaine saison 2026. 1/ Le salon Who’s Next de septembre 2025 vient de dévoiler les tendances mode du printemps-été prochain. Pouvez-vous nous en présenter les grands axes ? Qu’est-ce qui vous a séduit et quelles pièces vous semblent déjà cultes ? Cette saison, le salon a infusé une véritable énergie de renouveau ! L’été 2026 s’annonce sous le signe d’une féminité assumée, avec un vestiaire dressy et joyeux, après plusieurs saisons marquées par le minimalisme.  La palette de couleurs se veut lumineuse et optimiste :  jaune, vert tendre, bleu ciel, rose pastel, des teintes claires mais vibrantes. En parallèle, des nuances plus chaudes et terreuses - marron, ocre, doré - viennent ancrer la silhouette dans un esprit naturel et solaire, avec quelques touches flashy qui viennent réveiller l’ensemble. Les matières sont fluides et sensuelles : popeline légère, dentelle, crochet, touche de sequins pour le soir. On ose désormais le mix & match : rayures, pois, carreaux, imprimés décalés, jeux de textures… tout se mélange avec élégance. Côté formes, on observe le grand retour de la robe et du mini (mini-short, mini-jupe) avec une influence seventies et des coupes trapèze. Les pièces cultes de l’été 2026 ? La robe sous toutes ses formes, le polo à rayures, les ensembles chemise + short ou pantalon matchy-matchy, la veste, le legging qui sculpte le corps et les maillots ou bodys que l’on assume désormais à la ville comme à la plage. 2/ Tout ceci contribue à faire évoluer l’allure, une façon de porter la mode. De quelles façons ? On observe une évolution vers davantage de féminité et de douceur. L’allure devient plus fluide, plus instinctive. Les femmes n’ont plus envie de silhouettes trop construites. Elles recherchent une élégance naturelle, un chic sans effort, mais teinté de gaieté. Le vestiaire se veut à la fois confortable, désirable et joyeux - une mode qui fait du bien, tout simplement. 3/ Vous êtes aujourd’hui une observatrice privilégiée des désirs des consommatrices. Quelles sont leurs attentes ? Comment ces nouvelles collections s’attachent-elles à y répondre ? Aujourd’hui, les clientes recherchent avant tout des vêtements dans lesquels elles se sentent bien, des pièces confortables, faciles à porter, mais qui restent jolies et actuelles. Elles sont attentives aux matières, à la polyvalence des pièces, à la durabilité des collections. La mode retrouve aujourd’hui sa dimension émotionnelle : elle se reconnecte à la vie réelle, au style de vie. Elle n’est plus seulement une affaire d’image, mais aussi de bien-être et d’attitude.

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