Chez Grandis, la réussite passe par l’alliance des savoir-faire…

28 septembre 2025

Sous l’impulsion de son directeur général, Marc-Antoine Juvin, ce groupe tisse un modèle original qui mêle excellence artisanale, ancrage territorial et engagement social ; le tout avec succès puisque les ateliers Grandis produisent désormais des vêtements d’exception pour les plus grandes maisons du luxe français. Notre enquête réalisée par la Maison des Savoir-Faire et de la Création, affiliée à l’UFIMH. 

Pour les Ateliers Grandis, tout commence en 1993, lorsque Daniel Juvin – président du groupe et père de l’actuel directeur général – reprend un atelier en liquidation. À contre-courant de la vague de délocalisations, il fait le pari audacieux de préserver les savoir-faire français liés à la confection pour les grandes Maisons. “Mon père sest dit quil y avait un positionnement à prendre sur le luxe car cela requiert des savoir-faire rares et une proximité avec les studios de création”, raconte Marc-Antoine Juvin.

Le premier atelier, rapidement renommé Grandis, pose les bases d’une aventure entrepreneuriale singulière, construite autour de la sauvegarde d’ateliers souvent en difficulté, sans repreneur et/ou susceptibles de subir la délocalisation, “On était dans un univers atomisé où il y avait plein de petits ateliers de maximum 45 personnes avec une cheffe datelier qui gérait tout”, explique le dirigeant. L’approche est humaine autant qu’économique : “ce sont des beaux métiers, il faut se battre pour les garder en France. Il est nécessaire de préserver la richesse de notre territoire”.

En 2016, Marc-Antoine Juvin, alors jeune diplômé d’école de commerce, passé par une grande enseigne du retail français, décide de revenir aux sources : “ce qui est important pour moi, c’est mon territoire, la famille, retrouver mes racines”, explique-t-il, même si “avec mon père, on a toujours dit que la reprise de l’entreprise n’était ni un droit ni un devoir”. C’est ainsi qu’il rejoint le groupe et commence au cœur du métier : dans l’atelier. “J’ai appris pendant plusieurs mois dans l’atelier en travaillant à la coupe. Puis, j’ai étudié les outils de production, de prévision et donc élaboré des outils de planification. A partir de ce moment-là, j’ai plutôt travaillé sur la partie système d’information”, témoigne Marc-Antoine Juvin. Aujourd’hui, c’est par une grande volonté qu’il impulse un projet d’entreprise où chaque collaborateur est associé à la vision : “On a réuni un groupe de travail pour impliquer tout le monde dans notre écosystème groupe. C’est beau de parler stratégie, mais il faut qu’elle ait une âme !”.

Préserver les savoir-faire, réinventer les métiers, valoriser lhumain

Chez Les Ateliers Grandis, préserver les savoir-faire est un engagement stratégique, une promesse faite aux artisans et aux prestigieux clients. Le groupe cultive dans ses quinze ateliers une mosaïque de métiers d’excellence : le savoir-faire flou, l’art du tailleur, le double-face mais également le travail du cuir, de la lingerie et du bain. Des domaines dans lesquels Les Ateliers Grandis répondent aux cahiers des charges des plus grandes Maisons.

Chaque opération est contrôlée, le geste est précis et intransmissible autrement que par la formation et l’expérience. Ainsi, chaque atelier possède son formateur référent, chargé de former les recrues par sessions de 400 heures. Et le besoin est constant : “on recrute 100 personnes chaque année, et 80% n’ont jamais touché une machine à coudre”, confie Marc-Antoine Juvin. La reconversion professionnelle, rendue possible par l’ancrage local des ateliers et un rythme de travail compatible avec la vie de famille, devient alors un levier social puissant. Cette orientation se reflète dans les deux principaux axes d’investissement du groupe depuis ses débuts : les infrastructures et la formation.

La formation ne se résume pas à un transfert de compétences : elle nourrit aussi l’évolution des métiers. En repensant entièrement la classification historique des postes, auparavant cloisonnés par activité, le groupe a instauré un métier unique : “artisan en confection”, capable de monter une pièce de A à Z. Un artisanat polycompétent, loin des logiques industrielles séquentielles. Ainsi, chaque arrivant commence comme “artisan en formation” pour progresser jusqu’à un niveau de maîtrise polyvalente, tout en ayant la possibilité de se spécialiser comme “expert” dans une activité précise : coupe, couture machine, couture main ou repassage. “Je veux me battre pour le modèle du qualitatif, je n’ai pas de chaînes de production, j’ai des équipes de fabrication”, résume Marc-Antoine Juvin. À chaque modèle confié, les artisans se réunissent, débattent, testent et ajustent. “Dans l’atelier de Granville il y a un espace école dédié, où en dehors des périodes de formation il devient un lieu de tests et notamment de recherche de solutions pour les clients, une sorte de “plateau technique”, explique le dirigeant.

Un groupe fédéré et agile au service de la création et de ses clients

Ce modèle renforce l’agilité du groupe car dans la mode, chaque saison amène son lot de nouveautés : un tissu jamais étudié, une coupe audacieuse, un défi technique inattendu. “Réagir aux aléas, c’est le métier-même de la production. Pour cela, il nous faut une unité, un esprit de groupe”, explique Marc-Antoine Juvin. Grâce à cette organisation en équipes complémentaires et réactives, au sein des ateliers et en mutualisant les savoir-faire de ses quinze entreprises, Les Ateliers Grandis sont capables de concevoir, prototyper, produire et livrer dans des délais restreints, tout en assurant un niveau d’excellence constant.

C’est dans cette logique de service agile et global que le pôle supply a été structuré : “Maintenant on reçoit les demandes ici (au siège) et on dispatche la production entre les différents ateliers. Nous avons un véritable service qui coordonne la conception, l’achat des matières premières, la fabrication et la logistique ”. En lien direct avec les ateliers, l’objectif affiché est clair : proposer une filière française de fabrication complète, du patronage à la pièce finie, en passant demain par la teinture ou la broderie. Cependant, le dirigeant précise que “les ateliers échangent directement avec les équipes techniques des clients car, ce sont ceux qui font, qui savent !”, s’exclame-t-il. Au niveau du bureau d’études, il y a un fonctionnement « par univers clients », car chaque maison “a sa façon de construire et normaliser”. Des équipes dédiées assurent ainsi à la fois précision technique et confidentialité. Elles peuvent intervenir “à partir d’un croquis ou d’un prototype déjà réalisé”, avec souplesse et savoir-faire.

Animé par des valeurs fortes – respect, engagement, progrès – le groupe a par ailleurs entamé une démarche RSE globale. “La RSE ne doit pas être à côté, elle doit infuser chaque étape du processus”. Cette exigence structurelle et humaine donne aux Ateliers Grandis une place à part dans l’écosystème de la façon française. Elle a permis, par un travail collectif, de faire naître une vision commune, partagée par l’ensemble des ateliers du groupe.“Faire du beau pour faire du bien, travailler dans de bonnes conditions, faire vivre les familles, donner plus à la planète que ce qu’on lui prend, tel est notre horizon”, conclut Marc-Antoine Juvin alors que l’’UFIMH vient de proposer au ministère chargé de l’Industrie de nommer son père, Daniel Juvin, en tant que représentant de l’Habillement au Conseil d’Administration de l’Institut Français du Textile et de l’Habillement (IFTH). Une façon de saluer le parcours sans faute d’une entreprise aussi désirable que vertueuse.

www.maisondusavoirfaire.com

.
Partagez cet article sur :

/ Autres articles /

Grand entretien avec… François Chimits, responsable de projets Europe à l’Institut Montaigne & Pierre-François Le Louet, co-président de l’UFIMH et vice-président d’IFM ALUMNI.

Comment diriger une marque de mode dans un contexte politique incertain ? Les Rencontres de Faverolles organisées par IFM Alumni ont réuni, le 13 septembre dernier, plus de 400 professionnels pour penser l’avenir du secteur. Echanges avec des experts internationaux, partages d’expériences entre créateurs et dirigeants d’entreprises… Le point avec François Chimits et Pierre-François Le Louêt sur les leçons à tirer de cette journée pour mieux comprendre les soubresauts du monde, et protéger la pérennité de nos entreprises.  1/ Comment définissez vous le contexte politique du moment, et quelles en sont les conséquences pour le secteur ? FC Nous vivons une période d'extraordinaire instabilité en matière de politique économique à l’international, ce qui entraine nos entreprises dans une dynamique d'Incertitude sur la quasi-totalité des marchés à l'export. Ceci s'explique par deux phénomènes. Le premier est la politique américaine de Donald Trump qui signe le retour d'un protectionnisme sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi le goût d’un président pour l'Incertitude. Cette instabilité orchestrée lui permet de se positionner au cœur de l’actualité et dans la lumière, dans un rôle de dealmaker-clé pour la marche du monde. Ceci se double d’un autre mouvement, déjà à l’œuvre avant l’ère Trump et certainement plus durable que lui. Les États-Unis sont à l’évidence moins ouverts sur le monde et moins enclins à endosser le rôle de gendarme de celui-ci. Ce désengagement, même partiel, remet en question la sécurité des européens, a fortiori dans un monde plus instable. PFLL  L’instabilité touche également notre pays avec une succession de gouvernements assez inédite. Toutefois, l’ensemble du spectre politique a récemment pris conscience de l’urgence d’agir. Le parlement a voté à l’unanimité la loi visant à réduire l’impact environnemental de la mode, ce dont nous nous réjouissons. Nous attendons dans les jours qui viennent l’avis de la commission européenne avant de réunir une commission mixte paritaire qui statuera sur le texte définitif. 2/ Ceci vaut pour les Etats-Unis mais l’autre grand facteur d’incertitude est la Chine…. FC C’est tout à fait juste et, contrairement à une Maison Blanche qui met en scène la furie Trumpienne, le pouvoir chinois cherche à masquer la réalité de ses stratégies et de ses ambitions. Depuis l’avènement de Xi Jinping, le système économique est totalement orienté vers le développement de sa base techno-industrielle. La consommation domestique n’est plus une priorité et ne suit pas. Le décalage entre des investissements massifs et une consommation qui patine entraine des surcapacités massives qui viennent inonder le marché mondial. La conjonction des déréglements de ces deux géants déstabilise profondément la mondialisation dans son ensemble et les acteurs européens en particulier. On peut considérer que si Trump est une forme de tempête sur la mondialisation, la Chine de Xi en est le changement climatique. PFLL Les plateformes chinoises inondent en effet le marché de leurs produits causant une crise économique, environnementale et sociale importante en Europe. Cela ne peut pas durer. La Chine a des ambitions très fortes concernant la réduction de son impact carbone et, plus généralement, a pris conscience que sa production devait être plus en accord avec le respect de l’environnement. La réduction des importations d’habillement à bas prix pourrait lui permettre d’atteindre ses objectifs. Nous devons l’aider à prendre conscience de cette nécessité. 3/ Face à ces interrogations, comment les entreprises peuvent-elles réagir ? FC La meilleure attitude face à l'incertitude, c'est l'agilité. Une capacité d'organisation et de prise de décisions rapide ; une capacité de transgression des silos traditionnels de décisions. Ceux-ci doivent évidemment être maintenus pour la marche habituelle des affaires, mais doivent se voir adjoindre des canaux de décisions et de communication d'urgence pour favoriser la réactivité. L’autre clé de cette agilité, c'est l'information. Il est indispensable d'investir dans la capacité à collecter et analyser l'information, ce qui impose une veille de qualité. Par ailleurs, il est essentiel, dans la mesure du possible, de diversifier à la fois ces marchés et ces approvisionnements. PFLL Malgré ce contexte extrêmement difficile, la singularité et la désirabilité des marques françaises continuent d’être un de nos atouts majeurs. Des marques souffrent, d’autres continuent heureusement de bien se porter. Toutes sont engagées dans une transformation profonde de leur modèle pour qu’il soit plus en phase avec les attentes sociales des consommateurs et le respect de l’environnement. Nous sommes fiers de ces valeurs qui sont des piliers du succès de nos marques et nous continuerons à les défendre. 4/ Dans un tel contexte, comment penser demain ? FC Il importe de ne pas céder au pessimisme tout en acceptant, avec lucidité, que le monde offre désormais – et sans doute durablement- plus de défis que d'opportunités. Face à cela, il faut investir avant tout dans ses capacités internes à y faire face. J'insiste une fois de plus sur ces dimensions d'agilité et de diversification. Lorsqu’on observe la marche des entreprises dans différents secteurs, on constate que ce sont les deux grands facteurs de succès, ou en tout cas de sur-performance, dans ces périodes de volatilité. On doit donc apprendre à riposter au plus vite, tout en élaborant des stratégies sur le temps long. PFLL La mode, c’est avant tout la création et ce moteur créatif n’est pas prêt de s’arrêter. Notre industrie est aux avant-postes de la modernité, elle montre la voie à des dizaines d’autres industries. Ce que nous vivons est très difficile mais ce n’est pas la première fois ni la dernière que nous vivons des crises. L’agilité est dans nos veines et nous sommes mieux armés que d’autres pour faire face à ce nouvel environnement parfois hostile. Quelles sont ces stratégies ? FC La principale est de se tourner vers d’autres marchés, même si les Etats-Unis offrent encore des opportunités à exploiter. Il existe un certain nombre de pays qui partagent notre préférence pour une marche du monde plus stable et qui, par ailleurs, s’inscrivent dans de vraies dynamiques de croissance. Je pense au Moyen-Orient, aux marchés encore émergents d'Asie du Sud-Est, à l'Inde et à l'Amérique du Sud où certains acteurs, notamment le Brésil, performent plutôt bien. Ces marchés n’ont pas encore une taille suffisante pour se substituer aux deux acteurs évoqués précédemment, mais ils offrent des perspectives de développement à court terme et des réelles possibilités d'expansion à long terme, grâce notamment à leur démographie. PFLL Avec le soutien du DEFI, nos fédérations sont extrêmement actives à l’international et ne cessent d’innover en proposant de nouveaux formats, de nouveaux territoires à découvrir. Les acteurs de la mode française ne doivent pas hésiter à se rapprocher des équipes internationales de nos fédérations. Elles les guideront dans la conquête de ces nouvelles opportunités…

Mode ultra-express… les fédérations européennes du textile et de l’habillement s’engagent dans une mobilisation commune.

Face au danger que représente la montée en puissance de la mode-ultra express, les industries européennes du secteur ont décidé d’unir leurs forces pour exiger de l’UE des actions d’urgence autour de deux axes. Freiner l’essor des plateformes asiatiques comme Shein et soutenir les entreprises qui, a contrario, investissent dans la durabilité, la qualité et l’innovation. Retrouvez, dans son intégralité, le texte de cette déclaration commune signée par l’ensemble des fédérations européennes le 16 septembre dernier, durant le salon Première Vision.  

Déclaration des Fédérations Européennes

du Textile et de l’Habillement

Les fédérations européennes du textile et de l’habillement constatent avec une vive inquiétude la montée en puissance de la mode ultra-express, alimentée par les plus grandes plateformes de e-commerce de pays tiers, qui représente d’ores et déjà, avec 4,5 milliards de colis importés en 2024 dans l’Union européenne, environ 5% des ventes (20% sur internet), et est en forte croissance. Contrairement aux entreprises et commerçants qui contribuent à un développement socio-économique de qualité dans toute l'UE, la mode ultra-express aggrave les déséquilibres environnementaux, économiques et sociaux :
  • Elle génère une surproduction de vêtements à durée de vie extrêmement courte, entraînant une hausse sans précédent des déchets textiles et de la consommation d’habillement.
  • Elle exerce une pression intenable sur les entreprises européennes, particulièrement les PME, qui s’efforcent de respecter des normes environnementales, éthiques et sociales exigeantes.
  • Elle menace les commerces dans toutes les agglomérations de l’Union, accélérant la désertification des centres-villes.
De plus, la mode ultra-express repose sur un modèle économique contraire aux règles en vigueur dans l’Union européenne et ses États membres. Entre autres, la fraude à la TVA, la violation des droits de propriété intellectuelle et les allégations trompeuses sont des problèmes récurrents dans le secteur de la mode ultra-express, qui alimentent la concurrence déloyale au sein du marché unique et désavantagent les entreprises qui respectent les normes sociales et environnementales élevées de l'UE. L'industrie textile européenne ne peut plus attendre des années avant que des mesures ne soient prises contre la mode ultra-express. Face à cette évolution, nous appelons solennellement et fermement :
  1. Les États membres de l’Union européenne à adopter des mesures visant à limiter la mise sur le marché de produits issus de la mode ultra-express et à soutenir activement les entreprises qui investissent dans la durabilité, la qualité et l’innovation.
  2. Les institutions européennes et les États-Membres à inscrire la lutte contre la mode ultra-express dans leurs priorités, en œuvrant sans délai à :
- Mettre en place immédiatement la réforme du Code des Douanes européen, dont les principes ont été convenus lors du Conseil de l’Union européenne du 27 juin 2025, - Accélérer les enquêtes en cours et adopter les sanctions les plus lourdes au titre du DSA (règlement européen sur les services numériques) et du DMA (règlement sur les marchés numériques) afin de rétablir les conditions d'une concurrence équitable, - Exiger des plateformes d’e-commerce qu'elles désignent des représentants légalement autorisés, afin qu'elles puissent être tenues légalement responsables, au même titre que tout autre concurrent au sein de l'UE, - Mettre en place des frais sur les petits colis afin de financer les contrôles en douane, - Supprimer l’exonération de droits de douane pour les envois de colis d'un montant maximal de 150 €, - Faire recouvrer la TVA sur les envois de mode ultra-express, - Entamer un dialogue avec les autorités chinoises sur ces plateformes dont les pratiques contredisent leurs objectifs environnementaux.
  1. Les consommateurs européens à privilégier les produits durables et à soutenir les entreprises et les marques engagées dans une transition responsable du secteur textile et habillement.
L’Union européenne a les moyens et le devoir d’agir immédiatement pour renforcer la compétitivité de l’offre européenne et par là même de protéger ses salariés, tout en réduisant l’impact environnemental de la consommation textile. La mode ultra-express ne peut devenir la norme. Il est temps d’agir collectivement pour promouvoir un modèle économique fondé sur la qualité, la transparence, la responsabilité sociale et environnementale. A Villepinte, à l’occasion du salon Première Vision, le 16 septembre 2025 Signé par les fédérations européennes du textile et de l’habillement UFIMH (Union française des industries de la Mode et de l’Habillement), UIT (Union des Industries textiles), Euratex, ATP (Portugal), Chambre du commerce de Services, Confindustria Moda (Italie), Finnish Textile&Fashion (Finlande), TOK (Bulgarie), Modint (Pays-Bas), WKO (Autriche), Sepee (Grèce), Latia (Lituanie), DM&T (Danemark), Swiss Textiles (Suisse), Consejo Intertextil Espagnol (Espagne), Fedustria (Belgique), Texitl+Mode (Allemagne), Anivec-Apiv (Portugal), Teko (Suède),  Creamoda (Belgique), Alliance du lin et du chanvre européens, et PIOT (Pologne). Etaient par ailleurs présentes lors de la signature d'autres fédérations, dont la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF), l'Alliance du commerce (grands magasins et enseignes d'habillement et chaussures) ou la Fédération nationale de l'habillement (commerces indépendants de France).

Grand entretien avec… Thibaut Ledunois, directeur de l’entrepreneuriat et de l’innovation à la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin.

« L’IA est un puissant levier de compétitivité pour nos entreprises ». A l’heure où l’intelligence artificielle envahit l’univers de la mode tout entier, Thibaut Ledunois nous dresse le panorama des transformations les plus impactantes, en rappelant les dangers mais aussi les atouts de l’IA pour la croissance et la compétitivité du secteur… Comment l’IA impacte-t-elle le secteur de la mode ? Le développement de l’intelligence artificielle connait une accélération totalement inédite et intègre désormais l’univers de la mode tout au long de la chaine de valeur, même si l’attention se concentre plus particulièrement sur la création. La solution imki intègre les studios de The Kooples, de nouvelles solutions issues de l’IA participent à différentes campagnes digitales mais en réalité, les principaux cas d’usage sont ailleurs. Dans le pilotage de la performance et l’aide à la décision (ndlr. NoStress), dans l’anticipation des achats et une gestion optimisée des stock (ndlr. autone, Centric), dans les recommandations de taille en e-commerce (ndlr. Kleep) ou encore dans l’optimisation des discounts et des pricings. L’IA va également transformer la façon de produire et l’ensemble de l’outil industriel avec une optimisation de la coupe (ndlr. Lectra) et des flux plus tendus. De plus, l’IA constitue également un levier de compétitivité pour les entreprises de mode françaises. Quels sont, à vos yeux, les principaux dangers de l’Intelligence artificielle ? Cet outil qui repose sur un usage massif de la donnée, encore faut-il savoir quelles données sont utilisées, par qui et pour quel objectif. Les marques de mode françaises et tout notre tissu industriel doivent prendre conscience que seules les entreprises qui sauront maitriser et protéger leurs données (gouvernance en interne, organisation, taxonomie, cybersécurité) pourront réellement tirer bénéfice de l’IA*. Celle-ci induit de vrais questionnements en matière de confidentialité, de souveraineté et de propriété intellectuelle, tout particulièrement dans un contexte de course internationale à l’innovation fortement lié à la géopolitique. Le principal danger est d’oublier la puissance exponentielle de ces outils et leur résonnance profondément politique. L’IA offre tout de même de nombreux atouts, comment les entreprises peuvent-elles en tirer parti ? Il s’agit d’une révolution technologique et industrielle comme nos industries en ont connu de nombreuses. Elle n’est donc pas une option, mais une réalité à prendre impérativement en compte dans le secteur ultra-concurrentiel qui est le nôtre. J’aimerais néanmoins que cette révolution technologique intègre également des réflexions sur les sujets de diversité et d’inclusion, permette une véritable révolution dans la décarbonation de notre secteur et ne serve pas simplement les intérêts de quelques-uns. Par ailleurs, on ne peut nier que l’intelligence artificielle est l’un des leviers les plus efficaces pour mieux gérer la rentabilité et les marges de nos entreprises. Dans cet esprit, le ministère de la culture associé à la Bpi et à la Banque des territoires vient notamment de lancer un appel à projet… Dans le cadre du plan France 2030, piloté par le Secrétariat général pour l’investissement en lien avec le Ministère de la Culture, avec la collaboration de Bpifrance et de la Banque des Territoires, un appel à projet a en effet été proposé jusqu’au 28 octobre prochain. Son objectif ? Soutenir les entreprises qui s’engagent dans la voie de la transition numérique grâce au développement de technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle, la blockchain ou les solutions d’exploitation de données. Les entreprises ont tout intérêt à se pencher au plus vite sur cette opportunité, qu’il s’agisse des projets attendus, des critères d’éligibilité ou des modalités de soutien*. Comment voyez-vous la transformation du secteur dans les cinq prochaines années ? L’intelligence artificielle va sans doute bouleverser très rapidement la façon dont on achète sur internet. Les sites des marques vont être de plus en plus personnalisés – avec des personal shopper en ligne comme c’est le cas chez Zalando depuis fin 2024. Les agents conversationnels vont prendre une part de marché non négligeable des moteurs de recherche classiques dont Google. Comment va évoluer le SEO dans un agent comme Le Chat ou ChatGPT ? Où vont aller les investissements en SEA ? A qui va profiter ces assistants personnels créés et entretenus par des sociétés non européennes ? Le sujet de l’acquisition est également important. Les agences ads historiques font maintenant face à des IA propriétaires des réseaux sociaux qui optimisent l’investissement publicitaire. Difficile de voir l’avenir mais il s’annonce à coup sûr très différent de notre monde. *A consulter Pour l’appel à projet sur la transition numérique, rendez-vous sur cette page LinkedIn Live avec Extend Business Consulting - Démystifier la data : les 8 bonnes pratiques de gestion des données – janv 2025).  

S’inscrire à la nouvelle lettre de l’UFIMH

Rencontres, actualités, business, toutes les informations du secteur

Merci pour votre inscription