Déchets textiles industriels : une autre manne pour l’économie circulaire !

16 juin 2025

Chaque année, des milliers de tonnes de déchets textiles industriels sont produits en France. Mode Grand Ouest se penche sur les possibilités de recyclage de ces matières pouvant intéresser d’autres marchés que la mode.

Si le sujet du recyclage des vêtements invendus ou usagés fait l’objet d’une forte médiatisation, celui des déchets textiles industriels est en revanche peu connu.

Et pourtant, il mérite de l’être. D’abord pour des raisons réglementaires. Depuis le 1er janvier 2025, l’enfouissement de bennes contenant plus de 30 % de déchets textiles n’est en effet plus autorisé. Une règle qui ne vaut pas pour le cuir.

Ensuite, parce que ces déchets ne manquent pas d’atouts dans une optique d’économie circulaire.  “On maîtrise parfaitement leur traçabilité. Il s’agit de matières nobles, neuves et dont les propriétés mécaniques sont supérieures à celles de vêtements usagés, liste Clément Gourlaouen, chargé de mission recyclage à Mode Grand Ouest (MGO). Et ce qui coûte très cher lors du recyclage, ce sont les deux premières étapes : le tri et le délissage, soit l’enlèvement des points durs (boutons, fermetures…). Or, elles ne sont pas nécessaires pour les déchets industriels textiles. On démarre ainsi avec un grand avantage compétitif par rapport à l’utilisation de vêtements usagés pour le recyclage”.

2,4% des déchets textiles

Selon une étude de l’ADEME, réalisée en septembre 2023, les chutes de production représentent en France 2,4% des déchets textiles, soit environ 40 000 tonnes annuelles.
Une donnée d’ensemble qu’il s’agissait de ventiler localement, a jugé Mode Grand Ouest, réseau professionnel réunissant 120 adhérents, essentiellement des confectionneurs de l’habillement et de la maroquinerie mais aussi de quelques textiliens et fournisseurs de la filière. Les Pays de la Loire est la région française où on compte le plus de confectionneurs. “Or, l’habillement, avec l’étape de la coupe, est l’industrie qui génère le plus de chutes de déchets textiles. D’où la pertinence de faire des actions dans l’Ouest”, indique Clément Gourlaouen.

En commençant par la réalisation d’une étude. “Nous sommes partis du principe que nous aurons du mal à trouver de bonnes voies de valorisation, si on ne connaît pas bien nos gisements, souligne le chargé de mission. C’est un préalable d’avoir une vue globale des enjeux afin de pouvoir trouver des voies de valorisation pertinentes. Or, en France, il existe quelques données nationales mais aucune au niveau local”.

D’où le chantier collaboratif lancé fin 2022 dans le Grand Ouest, avec en premier lieu, l’élaboration d’une cartographie quantifiant les gisements des déchets textiles, en collaboration avec les CCI des Pays de la Loire et de Bretagne.

57 entreprises sondées sur leurs déchets textiles

57 entreprises, employant 4775 salariés, en majorité adhérentes de MGO, sont ainsi interrogées, à la fois sur la quantité de leurs déchets et leurs destinations. Des confectionneurs ou assimilés, spécialistes des vêtements de luxe ou professionnels, quelques marques de prêt-à-porter constituent la majorité, les autres étant des entreprises de cuir (maroquinerie, sellerie, ameublement, etc). L’échantillon est “suffisamment important pour être représentatif de la région et avoir une première étude de reconnaissance du gisement, même s’il pourra être affiné par la suite”, souligne Clément Gourlaouen.

Les résultats sont instructifs. Quelques milliers de tonnes de déchets, à la fois textiles et cuir, sont détectés. Ils sont principalement orientés vers l’enfouissement (42% des répondants) ou l’incinération/CSR (Combustible Solide de Récupération) (31,6%). L’enquête a en effet été réalisée alors que l’enfouissement de bennes contenant plus de 30% de déchets textiles était encore autorisé. Enfin, un nombre non négligeable (21%) des entreprises ne savent pas précisément ce que deviennent leurs déchets…

Autre élément mis en lumière par le sondage : la grande hétérogénéité des gisements. Les déchets de trois quarts des répondants comportent plusieurs matières en mélange, très variables, selon les collections, les années, les tendances…

Trouver des solutions de recyclage

Cela justifie largement l’objectif que se fixe Mode Grand Ouest : s’occuper de ces gisements qui, aujourd’hui “n’ont pas de solution de recyclage, ces déchets industriels étant trop petits, trop mélangés ou trop fluctuants pour être réemployés ou intéresser un recycleur”. La structure se lance alors dans un deuxième chantier, mené par Mod’Innov, son Cluster Innovation. Celui-ci démarre avec une dizaine d’entreprises (bureaux d’études, confectionneurs…) représentatives de la diversité des gisements.

Une cinquantaine de leurs matières, mélangées et représentatives de la diversité du gisement, sont retenues pour le projet. MGO les envoie au centre européen des non tissés (Cent), une antenne de l’IFTH. Mission :  faire des essais de recyclage de ces déchets en non tissés…“Il s’agissait de lever des freins techniques, car ce n’était pas trop l’usage de faire des non tissés avec des mélanges, précise Clément Gourlaouen. Il y avait aussi des matières, trop épaisses ou trop fines, comme les dentelles, les broderies ou les matières contrecollées, réputées ne pas pouvoir être recyclées. Or, ces essais ont permis de voir que c’était possible de le faire”.

Ces non tissés obtenus sont ensuite testés sur plusieurs marchés, par exemple ceux de l’isolation thermique ou acoustique, du prêt-à-porter (garnissage de doudoune, par exemple) ou des accessoires (tote bags, sacoches d’ordinateur…).

Une recherche réglementaire indispensable

Mais cette première phase débouche sur la nécessité d’une deuxième phase, celle d’une recherche réglementaire. “Il s’agissait de repérer quels étaient les débouchés possibles pour des matières recyclées sous forme de mélanges dans des non tissés et dont on ne connaît pas, du coup, la composition. Dans certains secteurs comme l’automobile ou l’habillement, il est en effet difficile d’utiliser de telles matières. Mais ce n’est pas le cas pour des isolants acoustiques ou des accessoires de voyage, par exemple”.

Une fois ce travail fait, MGO est passée à la phase trois. Soit la réalisation d’essais de performance (pour le caractère isolant par exemple), des matériaux non tissés développés.  “Ces tests ayant démarré fin 2023, il est encore trop tôt pour des conclusions”, confie Clément Gourlaouen.

Parallèlement, MGO continue de chercher des débouchés et partenaires. “Nous n’avons pas vocation à créer une usine. L’idéal serait que ces travaux puissent servir à un industriel déjà existant ou à des porteurs de projets pour valoriser ces matériaux recyclés”, souligne le responsable.

Des freins au recyclage

Des partenaires qui seraient les bienvenus alors que Clément Gourlaouen n’élude pas les freins qui compliquent le travail ambitieux mené par MGO. A commencer par le fait que l’organisation professionnelle ne bénéficie pas du soutien de l’éco-organisme Refashion, qui supervise la fin de vie des produits de la filière habillement, linge de maison et chaussures. “Celui-ci ne s’occupe que des matières mises sur le marché. Alors que les chutes de production industrielles ont pourtant les mêmes débouchés et les mêmes voies de revalorisation”, regrette le chargé de mission.

Et d’autres cailloux se logent aussi dans les chaussures des initiateurs du projet…
De nature juridique notamment. Dans le grand Ouest, où l’activité de confection est essentiellement destinée au luxe, les déchets textiles appartiennent dans trois quarts des cas aux donneurs d’ordre. “Mais si certaines Maisons de luxe ont leur propre circuit de collecte pour les déchets, ce n’est pas toujours le cas. C’est alors au sous-traitant de les gérer, avec les contraintes de stockage que cela pose”. Autre difficulté, particulièrement répandue dans le luxe : le fait que les matières soient très reconnaissables, notamment siglées par des logos.
Certes, le sujet mobilise les entreprises, comme le montre le sondage initial sur leurs déchets industriels, réalisé par MGO auprès de 57 d’entre elles. 94,8% souhaitaient connaître les résultats de l’étude dont 40,4% se disaient même volontaires pour rejoindre un groupe de travail sur le sujet !

Des acteurs du recyclage en nombre insuffisant

Si l’intérêt est manifeste, côté producteurs de déchets, “les acteurs du recyclage en France manquent à l’appel, et ce, d’autant plus dans le grand Ouest”. Facteur aggravant : ceux qui existent ne sont guère adaptés aux spécificités des déchets textiles industriels, avec des matières très mélangées…

D’où l’importance pour les industriels de l’habillement -qui ne pourront pas utiliser toutes leurs chutes recyclées et faire de la boucle fermée – Clément Gourlaouen en est persuadé, de “créer des liens avec d’autres secteurs, comme l’automobile ou le bâtiment qui seront utilisateurs de ces déchets recyclés pour pouvoir faire des projets d’envergure”.

Retrouvez ici les articles publiés par La Maison du Savoir-faire et de la Création.

maisondusavoirfaire.com

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Grand entretien : Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët, co-presidents de l’UFIMH.

« Le vote de cette loi est le fruit de cinq années dengagement de toutes nos fédérations. » Un an après lAssemblée nationale, le sénat a voté le 10 juin une proposition de loi pour freiner lessor de la mode « ultra express », incarnée notamment par la plateforme chinoise SHEIN. Avec Lionel Guérin et Pierre-François Le Louët, le point sur les enjeux de la législation, ce quil reste encore à obtenir et le rôle clé de lUFIMH et de ses fédérations dans cette lutte.  ` Quelles avancées offre cette nouvelle législation ? LG. Nous nous félicitons tout d’abord du vote de cette loi que nous avons attendue très longtemps, plus d’un an après son adoption par l'Assemblée nationale. Par ailleurs, nous avons noté avec satisfaction l’intérêt des sénateurs pour le sujet, ce qui montre une réelle prise de conscience de l’impact de la mode ultra express sur la désertification des centres-villes. Pour le reste, la loi permet de mettre en place une panoplie d’outils efficaces pour lutter contre l’essor de ces plateformes de mode « ultra-éphémère ». Celles-ci devront sensibiliser à l’impact environnemental de leurs vêtements et s’acquitter « d’éco-contributions », avec un principe de bonus-malus et une pénalité qui pourra atteindre 10 euros par article en 2030. Elles seront interdites de publicité avec un volet de sanctions pour les influenceurs qui voudraient en faire la promotion; elles devront aussi payer une taxe instaurée sur les petits colis livrés par des entreprises hors de l’union européenne, comprise entre 2 et 4 euros. Cette taxation permettra de dégager les moyens nécessaires pour faire respecter la loi, sachant que les plateformes, très habiles et très réactives, chercheront sans aucun doute à la contourner. La potentielle collaboration entre la DGCCRF et la CNIL pour lutter contre les potentielles infractions est un atout. Le fait de disposer de deux organismes avec des capacités de sanctions autonomes qui peuvent être mises en place sans passer par des tribunaux, permettra une application plus efficace de la législation.   La présentation de cette loi devant le Sénat était une étape clé. Quelles sont les suivantes ?  PFLL. Cette loi doit désormais être notifiée à la Commission européenne pour attester de sa conformité aux droits européens. Elle devra ensuite passer devant une commission mixte paritaire, composée de sept sénateurs et de sept députés, qui devront se mettre définitivement d'accord sur le texte. Ce sont donc autant de risques de le voir modifié. L'Europe peut proposer des recommandations d'optimisation ; le Conseil constitutionnel français peut décider que certaines mesures, non constitutionnelles, doivent être remaniées. Et enfin, la volonté des députés n'étant pas exactement la même que celle des sénateurs, la commission mixte paritaire risque aussi de faire évoluer le texte.   Revenons sur le passage de cette loi devant la Commission européenne. N’est-ce pas une occasion d'accélérer une prise de conscience globale ? LG. Ce n'est pas le but premier mais il s’agit en effet d’un vote très important. Il montre notamment le rôle pionnier de la France qui deviendra ainsi le premier pays à légiférer contre la mode ultra express. De plus, nous pouvons espérer que cette législation donne une nouvelle impulsion au développement d'une politique européenne, et pourquoi pas mondiale, de lutte contre ces acteurs.   Cette loi constitue une avancée majeure mais elle ne suffit pas. Quelles sont les prochaines étapes ? LG. Nous allons agir pour la fin de l'exonération des droits de douane pour les colis expédiés hors Union européenne et d’une valeur inférieure à 150 €. Nous serons pour cela soutenus par la Confédération européenne du Textile et de l’Habillement, Euratex, dont nous sommes membres et qui défend les intérêts du textile et de l'habillement au niveau européen. Euratex siège à Bruxelles et entend faire pression sur la Commission afin que celle-ci parvienne à un accord entre les différents Etats. Dans le même temps, il sera nécessaire de mettre en place une surveillance efficace de l’évolution des pratiques de ces opérateurs, qui ne manqueront pas d’organiser la riposte.   Comment l’UFIMH participe à cette lutte ? PFLL. Nous oeuvrons depuis plus de cinq ans sur le sujet. Nous avons joué un rôle de lanceur d'alerte en portant le débat sur la scène publique grâce notamment à Yann Rivoallan -vice-président de l’UFIMH et président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin- qui a multiplié les interventions à la télévision, dans la presse et sur les réseaux sociaux. Nous avons également fait entendre notre voix auprès du gouvernement, des parlementaires, députés et sénateurs avec lesquels nous sommes entrés en contact. Nous devons cette première victoire à la mobilisation de tous, y compris des organisations amies de l’UFIMH : la Fédération Nationale de l'Habillement, France Industries Créatives, le Comité Stratégique de Filière Mode et Luxe, le MEDEF…. Elles ont été extrêmement actives pour porter une position commune.   L'UFIMH a été très active pour la promulgation de cette loi mais elle va plus loin, militant pour un autre modèle qui valorise la qualité des produits et des savoir-faire… PFLL. Face à l’essor de l’ultra-fast fashion, nous travaillons concrètement à valoriser une mode durable et de qualité, Made in France ou Made in Europe. Nous allons poursuivre nos actions de sensibilisation auprès du grand public afin de rappeler que la consommation est aujourd'hui un acte politique. Nous avons tous le pouvoir d’agir de façon vertueuse, en optant pour des produits locaux et de qualité, qui préservent nos emplois et sont fabriqués dans le respect des personnes et de l’environnement. Les consommateurs ont bien sûr la liberté d'acheter ce qu’ils souhaitent mais ils doivent disposer de toutes les informations qui leur permettent de faire un choix éclairé, c’est la raison pour laquelle nous soutenons l’affichage environnemental des produits de mode et incitons toutes les entreprises qui le peuvent à obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Nos entreprises doivent avoir la possibilité de développer un modèle économique qui assure à la fois leur pérennité et leur responsabilité sociale et environnementale.  

Label Entreprise du Patrimoine Vivant

« 20 ans au service de l’excellence française » Fabricants de boutons, gantiers…Ces métiers semblaient appartenir au passé. Préservés grâce au label EPV, la plupart ont retrouvé une nouvelle jeunesse.  Ils sont désormais pleinement intégrés à la création contemporaine et travaillent avec toutes sortes de maisons, y compris dans l’univers du luxe.  Retour sur les enjeux d’un label aussi prestigieux quefficace.  Trois lettres sur fond rouge… Le label est tout simple, il est pourtant l’objet d’une immense fierté pour toutes les entreprises qui l’affichent dans leur atelier -preuve irréfutable d’un savoir-faire d’excellence. Né en 2005 à l’initiative du ministère de l’économie et des finances, le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) a été imaginé pour distinguer les entreprises françaises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d’exception. « L’objectif était alors très ambitieux, explique Tristan de Witte, président du label EPV. Il s’agissait d’assurer la pérennité de ces entreprises mais aussi leur donner les moyens de leur renouveau ; les aider à préserver leurs savoir- faire historiques tout en misant sur linnovation. Lopportunité d’une reconnaissance nationale et internationale. Réunissant le meilleur du Made in France, ces entreprises sont désormais 1300 environ et se répartissent entre les univers des arts de la table, de la gastronomie, de l’industrie, de la décoration, de l’architecture, de la beauté, de la mode et des maisons de luxe -ce dernier secteur représentant près de 20% de l’activité des EPV. Toutes sont détentrices d’un patrimoine séculaire, ancré dans un territoire et souvent transmis de génération en génération, au sein d’entreprises restées familiales. Techniques rares et secrètes, production d’exception… Les critères d’obtention de ce label d’état (décerné par les préfectures en région) sont très exigeants, avec des experts missionnés pour visiter les sites de production et évaluer la politique de développement de l’entreprise.  « Sur les quelque 300 dossiers de candidatures reçus chaque année, moins d’une centaine décroche (ou renouvelle) cette récompense attribuée pour cinq années, explique Tristan de Witte. Cette distinction prestigieuse offre des atouts très concrets : une reconnaissance nationale et internationale ainsi qu’un crédit d’impôt allant jusqu’à 30 000 euros par an ».  Une manière de faire converger création et fabrication de haute façon ». Ce coup de pouce suffit souvent à donner un nouvel élan à ces entreprises qui, peu à peu, reviennent dans la lumière, plébiscitées par un public de plus en plus attiré par des produits de qualité et made in France, ce qui soutient le dynamisme de nos territoires. Succès incontestable, le label EPV fête aujourd’hui ses 20 ans avec de multiples projets.  Désormais structuré en une fédération nationale (Réseau excellence EPV) qui réunit 12 associations régionales, le label EPV travaille à tisser des liens avec les différentes organisations pour développer des projets communs. » Notre objectif pour demain ? Agir collectivement pour être plus efficace, faire rayonner le label en France comme à l’étranger, précise Tristan de Witte. Nous agissons, par exemple, pour faire de nos membres EPV des entreprises de référence pour le réaménagement des ambassades françaises à l’étranger. Nous avons également entamé une importante réflexion avec le Mobilier National/ Les Gobelins pour valoriser davantage nos savoir-faire d’exception, notamment en participant au Salone del Mobile de Milan, rendez-vous international incontournable du secteur de la décoration et du mobilier. Autant d’actions destinées à faire rayonner le label EPV en faisant converger création et fabrication de haute façon ». « 20 jours pour célébrer 20 ans !», Le label EPV fête son anniversaire jusqu’au 3 juillet avec des rencontres, des événements… *Des journées portes ouvertes (grand public, scolaires, professionnels…) sont organisées par certaines entreprises qui proposent à l’occasion une visite de leurs ateliers mais aussi des démonstrations, des ateliers participatifs… *Des rencontres économiques à destination des entreprises EPV seront organisées le 3 juillet 2025 au ministère de l’économie et des finances. *Une soirée de clôture des "20 ans du label EPV", à destination des entreprises labellisées et des membres du GPEX, en présence de la Ministre, se déroulera le 3 juillet à Bercy, après les rencontres économiques. Pour en savoir plus: https://www.entreprises.gouv.fr/20-ans-du-label-entreprise-du-patrimoine-vivant  

3 questions à … Dominique GRUSON, Gérant de la société nouvelle Janvier-Gruson-Prat

« Notre société allie deux siècles de patrimoine et d’innovation » Née en 1840, l’entreprise Janvier-Gruson-Prat, incarne un savoir-faire exceptionnel dans la fabrication de boutons et autres accessoires en métal. Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, elle a su s’adapter aux attentes du marché tout en préservant son héritage artisanal, comme l’explique son gérant depuis 2012, Dominique Gruson. Pouvez-vous tout d’abord nous présenter votre entreprise ? Cette maison, née il y a près de deux siècles, s’est toujours consacrée à la même activité – la fabrication d’estampes, de boutons et accessoires en métal. Elle a connu son âge d’or dans les années 1980, employant plus de 100 artisans dans son usine après le rachat d’une trentaine de sociétés. Notre maison a alors pris le nom qu’elle porte aujourd’hui encore -Janvier-Gruson-Prat- et s’est consacrée essentiellement à la fabrication de boutons portés sur les uniformes de l’armée française, de la police nationale, de la gendarmerie et des grandes écoles militaires. La maison fabriquait aussi des estampes, ces pièces destinées à produire une empreinte utilisée ensuite pour le dessin de nos pièces mais aussi en bijouterie ou pour la décoration. Les archives de la maison en réunissent près de 120 000, un patrimoine unique. Quel est aujourd’hui votre marché et comment vous adaptez-vous pour répondre aux attentes de vos clients ? La maison compte une quinzaine de salariés dans notre usine de Savigny-le-Temple qui conserve précieusement notre savoir-faire, ce qui nous a permis de décrocher le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Les étapes de fabrication, qui réclament une grande minutie, sont toujours les mêmes : frapper à froid un flan en cuivre sur une matrice en acier trempé, détourer la pièce de cuivre aux bonnes dimensions, frapper à froid pour faire remonter la gravure et, enfin, ajourer la pièce pour découvrir le dessin initial sans casser le métal. Nous travaillons aujourd’hui pour des maisons de luxe et de décoration. Nous gravons des boutons pour les maisons de mode, notamment pour les défilés de haute-couture.  Les opéras de Paris, Berlin ou Helsinki font appel à nous pour la création de leurs accessoires ou les décorations de leurs costumes. Si nos savoir-faire sont restés les mêmes, les dessins des pièces sont désormais conçus par ordinateur et nous avons intégré des normes strictes en matière de RSE, en produisant notamment des pièces sans plomb ni nickel et en recyclant les chutes de cuivre et des produits issus de la galvanoplastie. Vous êtes aujourd’hui le représentant de la septième génération aux commandes de cette entreprise. Comment pensez-vous la transmission ? Nous sommes très soucieux de la transmission de nos savoir-faire et proposons des formations au sein de notre atelier, afin de préserver une fabrication de haut-niveau. Par ailleurs, mes deux enfants ont rejoint la société et pensent l’avenir de la maison, qui passe par la préservation de notre patrimoine mais aussi l’adaptation aux nouvelles normes et aux nouveaux désirs de nos clients, ce qui passe par une plus grande intégration de la numérisation.   En savoir plus : www.artmetal-framex.com

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